HPI et HQI, de quoi parle-t-on ?

C’est une question qui me turlupinait depuis un moment déjà.
Lors de mes formations et certifications au WAIS-IV (le test de QI pour adultes dans sa 4e version) notre formateur, professeur (docteur) en psychologie de l’université de Lausanne et spécialiste en psychométrie affirmait qu’il existait une différence entre HPI et HQI ; en particulier que l’on pouvait avoir un HQI (Haut Quotient Intellectuel) et ne pas être ou avoir un HPI (Haut Potentiel Intellectuel) pour autant.

Ce point m’a beaucoup perturbée car cela impliquait beaucoup de questions qui malheureusement ne trouvaient pas de réponses.
A commencer par ce qui différencierait un HQI d’un HPI ? Quels critères permettaient de trancher entre un profil HPI et HQI et un profil HQI « tout court » ?
Quelle différence entre le HQI et le HPI ?

J’ai réfléchis sur le sujet, avec les quelques connaissances que j’avais. Puis j’en ai chercher des nouvelles, pour éprouver mes hypothèses.

Cet article est donc l’aboutissement de cette micro recherche.

Il n’y a pas de différence entre HPI et HQI

Voilà, la réponse était simple en fait.

A l’heure actuelle, aucune étude scientifique (d’après mes humbles recherches bibliographiques) ne définit le HPI comme différent du HQI.
Ces deux acronymes HPI pour Haut Potentiel Intellectuel et HQI pour Haut Quotient Intellectuel renvoient strictement à la même réalité : le fait d’avoir un QIT supérieur à 130 suite à un test WAIS.

On trouve des articles qui ne sont pas le résultats d’expériences, mais des réflexions, des hypothèses, des théories à prouver, qui créent une distinction entre HPI et HQI. Mais cette distinction demeure toute théorique et n’a pas fait l’objet de preuves scientifiques.
A noter que ce que je croyais être une lubie francocphone (la distinction en HQI et HPI), se retrouve également chez les anglophones, qui peinent aussi à se mettre d’accord sur ce que recouvre ou doit recouvrir le terme « gifted » : QI or not only QI, that is the question).

Quoi qu’il en soit en France HQI et HPI sont strictement synonymes, pour ce que j’en sais.

Ah et vous ne trouverez aucune études en référence de cette article, c’est normal. Je n’en ai trouvé aucune sur le sujet.

Ce qui est entendu dans la distinction HPI et HQI

Un problème de sémantique

Pour comprendre comment on en est arrivé à cette confusion et/ou distinction, il faut remonter au moment de la naissance de l’acronyme HPI.
Certain·es professionnel·les du psychisme, en s’appuyant sur les cas de leurs patient·es, ont émis l’idée que le mot « surdoué·es » était trop négativement connoté et charriait trop de clichés préjudiciables aux personnes concernées. De fait, un brainstorming informel s’est fait pour trouver une désignation moins stigmatisante pour parler des personnes dont le QI était exceptionnellement ( au sens statistique) élevé.

Parmi tout un tas de désignations qui rendaient hommage à la capacité créative de leurs auteurs et autrices, le terme Haut Potentiel Intellectuel a rencontré un certain succès. On lui reconnait un caractère à la fois suffisamment précis et neutre pour désigner correctement l’objet auquel il fait référence mais également ne pas stigmatiser la personne à laquelle on l’applique.

« HPI » est donc strictement synonyme de « surdoué·e ». Surdoué·e signifiant strictement – selon ce qui a jusqu’ici pu faire l’objet de consensus expérimental et scientifique – le fait d’avoir un QIT > 130 au(x) WAIS.

Conflit et confusion entre ce qui a été démontré, et ce qui relève d’hypothèses

Pour comprendre d’où vient cette différence entre HPI et HQI, il faut se rappeler que très peu de choses ont été démontrées scientifiquement au sujet des personnes surdouées.

Le seul élément sur et certain, qui définit le fait d’être surdoué·e c’est obtenir un QIT>130 au WAIS (ou WISC).

Tout le reste, absolument TOUT LE RESTE, ne relève au mieux que d’hypothèses, au pire de mythes totalement faux.
A ce sujet, je vous renvoie à l’excellent ouvrage « Les surdoués ordinaires » de Nicolas Gauvrit, et au blog « Ramus Méninge » avec le billet de La pseudo-science des surdoués, de Franck Ramus.

Attention, cela ne veut pas dire que parmi les hypothèses qui n’ont pas été démontrées comme fausses, il ne peut y avoir des choses justes. Mais, en toute rigueur scientifique et honnêteté intellectuelle, on ne peut pas affirmer que ces hypothèses soient justes. On peut seulement dire que « l’on pense que… » et seulement à titre personnel.

Donc quand on lit que le HPI est différent du HQI, on ne lit en fait au mieux qu’une hypothèse, au pire une erreur.
A ce jour rien ne permet d’affirmer qu’avoir un QI>130 implique quoi que ce soit d’autre. Et donc qu’il y ait une différence entre HPI et HQI.

Néanmoins, pour aider celles et ceux qui comme moi pataugeaient dans la semoule faute de comprendre ce qui se cachait derrière HPI et HQI quand « les gens » faisaient la différence entre les deux, voici ce que j’en ai compris.

Quand on vous dit « HPI » et « HQI c’est diffférent, on croit que :

Le HPI serait un phénomène, une entité psychologique particulière, différente de l’état « normal » (dans le sens de moyen) du psychisme humain, liée et identifiable au fait d’avoir un QI>130 et à certains traits de caractères ou points de fonctionnement psycho-affectifs considérés comme plus saillants (plus intenses ou plus forts si vous préférez) chez les individus en questions.

Le HQI quant à lui serait bien ce qu’il est – toujours quand on considère qu’il existe une différence entre HQI et HPI – à savoir le fait d’avoir un QI>130, et c’est tout.

Pour reprendre les propos d’une lectrice de ce blog (avec laquelle j’ai eu de échanges qui ont grandement nourris ma réflexion à ce sujet et pour lesquels je la remercie sincèrement) le HPI serait un phénomène et le HQI en serait son expression psychométrique.

Cette différence considère que le HPI se constitue du HQI et de traits de caractères précis.
Malheureusement, ces traits de caractères en questions sont très discutés d’un·e « spécialiste » à l’autre, et, encore une fois, n’ont jamais fait l’objet de démonstration scientifique.
Mais ils sont très largement et vastement repris partout et par tout le monde (même par moi quand je découvrais le sujet) justement parce que des gens qui sont censés savoir de quoi iels parlent le disent, et plus précisément, l’affirment.

En résumé

Dans les faits, HPI et HQI sont des synonymes strictes, qui renvoient au fait d’avoir un QIT>130 au WAIS.
Cela n’implique rien d’autre.
Scientifiquement et rigoureusement parlant, c’est une erreur – au moins un abus – de faire la distinction entre HPI et HQI.

Mais des gens font la différences entre les deux, malgré tout.

Des hypothèses, partagées par plusieurs psychologues, supposent qu’il existe une entité psychologique particulière, souvent retrouvée chez des personnes ayant un QIT>130. Ce phénomène serait constitué d’un fonctionnement cognitif et émotionnel qualitativement différent, s’exprimant par des traits de caractères distinctifs et particulièrement saillants (ou intenses) chez les individus concernés. Parfois, souvent même, ce phénomène serait accompagné d’un QIT>130, mais parfois, non.
Ce qui rendrait l’identification de ce phénomène particulièrement délicat.
C’est cette hypothèse qui se trouve derrière le « HPI » quand la distinction est faite entre HPI et HQI.

Plus simplement le HPI ce serait penser et ressentir différemment de la majorité des gens, avec ou sans HQI mais le plus souvent avec.
On comprend alors mieux pourquoi l’appellation même de « Haut Potentiel Intellectuel » pour nommer le phénomène décrit plus haut est problématique, si dans certains cas, il n’y a pas de HQI.

Il n’est pas incorrect de faire l’hypothèse de l’existence d’un phénomène appelé HPI qui serait différent du HQI, mais il est incorrect d’affirmer cette hypothétique existence et différence comme effective et vérifiable.

Ce qu’on en pense ici

Ce que j’en pense, en fait, parce que je suis seule maîtresse à bord ici.

J’utilise et je continuerai à utiliser HQI et HPI comme strictes synonymes, jusqu’à ce que la recherche démontre autre chose (et que je l’apprenne), alors je m’adapterai.

Attention cependant, si je ne fais pas de différence entre HPI et HQI, cela ne veut pas dire que je ne considère pas qu’être doté·e d’un QI>130 n’a pas des conséquences considérables (bonnes comme moins bonnes) dans la vie des individus concernés (si c’était le cas d’ailleurs, j’arrêterai tout de suite ce blog, je le supprimerai et je reverrai mes aspirations professionnelles).

Pour celles et ceux qui se poseraient des questions quant aux conséquences de ce positionnement par rapport à la formation que j’ai faite au WAIS IV, je vais tâcher de vous rassurer (enfin, j’espère).
Certes le formateur faisait la distinction entre HPI et HQI, mais cela n’a pas d’incidence sur le contenu de la formation en question.
En effet, la différence entre HPI et HQI, quand on la fait, réside dans l’aspect clinique du HPI, et non psychométrique.
Ce qui fait que rien ce qui été dit durant cette formation en psychométrie (et qui ne portait pas sur le HQI mais bien sur le test WAIS-IV et son utilisation) n’est impacté par cette considération – toute personnelle – du formateur.

59 réflexions sur “HPI et HQI, de quoi parle-t-on ?

  1. aspieconseil dit :

    Sachant qu’au final le 130 est tout à fait arbitraire, c’est juste une distribution des personnes et non des spécificités quelconques qui débuteraient à 130 et n’existeraient pas à 120. Dans le même genre, l’illusion qu’un HQI/HPI serait posé en fonction d’une anamnèse, ce qui n’a aucun sens. Le fait d’avoir su lire à 4 ans, ne fait pas la douance…

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  2. pfrauman dit :

    Merci pour cet article bien documenté.
    Je trouve que cet article nous rappelle à quel point la méthode scientifique a des détracteurs y compris dans le milieu académique.
    Depuis les récentes élections on a même un mot pour désigner ce phénomène: les fake news.
    Personnellement le refus d’appliquer la méthode scientifique me met hors de moi. Je me demande dans quelle mesure ce besoin d’appliquer la méthode scientifique et de rechercher la vérité scientifique est lié à mon QI.
    Autrement dit: est-ce que les personnes avec un HQI sont moins sensibles aux fake news que la moyenne ?

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    • Line dit :

      Aucune idée. La tendance à adhérer à une information non vérifiée est liée à ce qu’on appelle « le sens commun » ou la pensée quotidienne qui n’est ni rationnel ni logique. La pensée quotidienne est utile, pratique, commode. Elle vise a obtenir un résultat rapidement et facilement.
      La culture, l’éducation comme le caractère vont influencer la tendance à recourir à l’un ou l’autre type de pensée.
      Je ne connais qu’un type de recherche qui a démontré que la tendance à adhérer à la théorie du complot (ou aux théories du complot) est corrélée de façon inversement proportionnelle au QI. Autrement dit, plus un le QI d’une personne est bas, plus cette personne aura tendance à adhérer au Théories du complot.

      Si cela nous donne une piste d’hypothèses à explorer, on ne peut par contre rien déduire quant à un éventuel lien entre QI et croyance aux fausses informations.

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  3. Pascal Gautier dit :

    Je trouve un intérêt à cette distinction, en précisant que la clinique n’est pas à négliger et que le HQI (son identification formelle et étayée) est aujourd’hui, effectivement, LE moyen de confirmer le HPI.
    Au final, reste la question de l’utilité de l’un et/ou de l’autre en lien avec la démarche du consultant et de son questionnement éventuel, c’est à dire la question ontologique présente en arrière fond. Ne faire qu’une identification d’un éventuel HQI ou pire, l’invalider par la négligence d’aspects conatifs ou parfois d’auto-sabotage, serait passer à côté de cette quête essentielle, me semble-t-il.

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    • Line dit :

      L’article traite de la définition des deux acronymes.
      La question du pourquoi un*e patiente demande à passer un test de QI et de comment devrait se faire son interprétation dépasse largement l’objet de ce billet. Et toutes tentatives de réponses seraient, à mon sens, incorrectes. Chaque demande, situation et individu étant différents, il ne saurait y avoir une seule réponse adaptée à toutes ces situations.
      Ceci étant il est évident que dans le cadre d’une interprétation et restitution de résultats de test de QI, la demande initiale doit être considérée.

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      • Ruby dit :

        Bonjour,
        J’ai lu tous les articles de ce blog (mais pas appris par cœur hein 😄) que je trouve très intéressant et pertinent globalement, et qui a le mérite (à mes yeux) de ne pas être envahi de pseudo développement personnel plus ou moins mercantile.
        Bref!
        Si j’interviens aujourd’hui, c’est par rapport à un point qui me semble important de manière générale mais aussi parce qu’il y a, je pense une « piste » sur cette notion de potentiel inexploité et de tolérance éventuelle au score de QI ) puisque, que ce soit dans les clous ou non, il y a nombre de psy qui assurent à leurs patients qu’ils sont HQI/HPI soit en acceptant les résultats hétérogènes, soit en abaissant la barre à 120/125 la raison étant que le reste du profil correspond (oui, oui, le problème est justement de quel profil parle t’on alors?).
        Bien que ce ne soit pas la seule comorbidité envisageable, il semble assez clair que le TDA/H est plutôt bien représenté (même si mal, pas assez diagnostiqué) dans le « milieu » des HQI. Et, j’avoue ne pas trouver beaucoup d’études valables sur ce lien qui à l’air assez particulier. Ajoutons 2 autres choses: – la reconnaissance officielle d’un TDA/H notamment chez un adulte aujourd’hui n’est pas simple (et moins attirante que haut potentiel), – les points communs qui sont insidieusement créés en mélangeant HPI (et non HQI au sens strict) et TDA/H.
        Ce que j’essaie de dire, c’est que parmi les personnes « dépistées » HQI de manière disons formelle, il y a des gens qui s’arrêtent là pour expliquer leurs maux et souffrent, semblent il, d’un (ou plusieurs ?) potentiel inexploité puisque freiné par le TDA/H. D’autre part, certaines personnes se voient proches de la limite des 130 mais en dessous toujours à cause de ce potentiel inexploité, ce qui, peut-être, si elles étaient ou avaient été je ne sais pas, « soignées », à tout le moins traitées et encadrées/aidées, n’aurait pas été le cas. Du coup, effectivement, on a un fonctionnement « particulier » associé à un potentiel ex ou inexploité suivant les cas et quelque chose qui est rendu assez visible en clinique mais pas en études. Et de fait, un HQI sans aucune forme de TDA/H a certainement des questionnements internes, une problématique qui lui est propre, mais cela serait bien moins visible.
        Tout ceci est une hypothèse bien sûr, mais je trouve qu’elle explique plutôt pas mal tout ce foin autour de HQI, HPI, zèbre, et j’en passe.

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  4. Cam09 dit :

    Premier commentaire ici (et tout va bien se passer 😂😂)

    Je crois qu’effectivement cette notion de HPI pourrait correspondre à cette personnalité type dont parle beaucoup de bouquins de psycho sur le sujet des surdoués.
    Maintenant comme toi je me demande pourquoi on devrait faire une différence entre les deux ? Si une personne prétendument HPI n’a pas un QI Supérieur à 130, est-ce pour des raisons d’une passation du WAIS faussée ou non ? Les HPI non HQI auraient-ils les différences neurologiques d’un HQI ou non ? Et puisqu’il est prouvé qu’un HQI a des différences de fonctionnement cérébrales ne serait il pas simple d’envisager une étude du cerveau de personne qui prétende une différence en HQI et HPI ?
    Dans le cas ou une différence neurologique existerait alors le HPI ne serait qu’un type de personnalité parmis tant d’autres. Ce serait donc une personnalité qu’on aimerait à appeler HPI, why not, c’est joli… si ça peut rassurer ou autre !!

    Quoi qu’il en soit si différence il y a je veux bien en avoir la preuve ! Saint thomas sort de ce corps 😄😄

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    • Line dit :

      Alors en fait HPI est strictement synonyme de HQI et cela ne renvoie pas du tout à des aspects de la personnalité. C’est juste le fait d’avoir un QI>130.

      Certains bouquins certes de psychologie mais qui ne s’appuie pas sur les connaissances établies par la recherche et prennent en cela quelques libertés d’affirmations, ont créé une autre signification au HPI que celle de HQI.

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      • Cam09 dit :

        Oui tout à fait c’est pour ça que je pose l’hypothèse que si pour certains psy, différence il y a, alors ils ont décidé de la nommer HPI puisqu’apparemment certains semblent faire la distinction.
        Dans l’absolu c’est effectivement problématique puisque aujourd’hui on ne distingue pas les deux termes.
        Maintenant s’il faut donner un nom à ce type de personnalité…. alors c’est la porte ouverte à toutes les possibilités. Si HPI en est une alors… Même si perso je trouve ça dérangeant, on peut apparemment pas nier que certains le voient ainsi.

        Et ce qui me pose alors la question de qu’entendent ils par « potentiel » car si ces HPI non HQI auraient un fameux potentiel pourquoi ne se serait-il jamais développé ? Une personnalité qui serait à l’origine d’un « potentiel » ce serait assez fou… enfin bon ça soulève énormément de questions étranges qui me confortent dans l’idée que nommer une personnalité HPI c’est joli mais difficile à prouver…

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  5. Θωμας dit :

    Bonjour
    Pour moi, la supposée différence entre HPI et HQI renvoie à des théories plus où moins douteuses (comme le fameux « faux surdoué avec un haut QI mais une intelligence froide » qui hante les sections commentaires de YouTube par exemple. Qu’est-ce qu’est censé être une « intelligence froide »?
    Après, j’avais vu dans une conférence de Linda Silverman (où elle comparaît différents subtests et indices entre eux dans leur corrélation au facteur G) que le seul indice plus fiable que le QIT pour détecter la douance (dans la mesure où moins sensible à d’autres facteurs) était l’IAG.
    Merci beaucoup au passage de ne pas renier les conséquences du HPI/HQI, c’est une tendance que j’ai vu grandir au cours de l’année passée. Une sorte du « quatrième mythe du surdoué » (avec « tout le monde/personne est surdoué »=premier mythe, le « petit génie à lunettes »=2nd mythe, et le « surdoué victime de tous les malheurs du monde » comme troisième mythe. C’est sidérant au passage comme il peut y avoir autant de légendes opposées pour un seul sujet.
    Au passage, je suis techniquement un « adulte surdoué » maintenant, et après eu 18 ans, je suis allé essayer de répondre à votre sondage… pour me rendre compte que je n’avais aucune idée de la réponse à la majorité des questions. Bon, j’ai quand même donné le lien à quelques amis déjà majeurs.

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      • Kks dit :

        Est-ce qu’il serait possible d’expliquer ce qu’est vraiment l’IAG ? Si je comprends bien, il s’agit d’un substitue au QIT lorsque ce dernier est hétérogène ? S’il est considéré fiable dans ces cas là, pourquoi ne pas l’utiliser quel que soit le résultat oO (surtout s’il est considéré plus fiable que le QIT) ? Et comment interpréter le chiffre ainsi obtenu en comparaison d’un éventuel QIT (car apparemment il serait beaucoup plus élevé) ? Pourquoi d’ailleurs n’est-il pas calculé systématiquement pour les résultats hétérogènes ?
        Merci d’avance des explications / précisions apportées ^^

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        • Line dit :

          Bonjour Kks,

          Vous trouverez la réponse à votre question dans les articles suivants :
          Certification à la Wais-IV
          Formation au WAIS-IV – Bilan
          Bien comprendre le test de QI

          L’IAG n’est pas plus pertinent que le QIT, il n’est pas lié à une question d’hétérogénéité du QIT non plus.
          Il n’est pas du tout toujours très supérieur au QIT, pas du tout.
          IL n’est pas toujours calculé ni restitué car il n’est pas toujours utile et/ou pertinent de le faire.

          Pour bien comprendre la suite de mon commentaire, lisez au moins le premier des articles que je vous ai mis en lien plus haut.

          L’IAG est utile quand, au vu des résultats complets (plus que les seuls 4 indices) on soupçonne que quelque chose de l’ordre du trouble neuro-développemental par exemple, vient « anormalement » abaissé le QIT, et donc floutté les capacités cognitives réelles.
          Exemple, en cas de dyspraxie visuo-spatiale, l’IVT sera directement impacté, et sera donc souvent significativement inférieur aux autres indice. Cet indice plus bas que les autres va, au même titres que les 3 autres, impacter le QIT. Or, l’on sait que dans le cas de la dyspraxie visuo-spatiale, le déficit ne concerne pas les capacité de raisonnement, mais la motricité. Si l’on arrive pas à nouer ses lacets ce n’est pas que l’on a pas compris comment le faire, c’est que quelque chose dysfonctionne dans l’exécution du geste. Or dans le test de QI, il y a des épreuves qui implique la motricité fine, et la mobilité du regard. Si l’on est atteint·e de dyspraxie visuo-spatiale, toutes ces épreuves seront moins bien réussie par rapport à celles qui n’impliquent pas la motricité.
          Donc, cet IVT chuté par rapport aux autres, vient abaissé le QIT. Mais cet abaissement n’est pas le reflet d’un problème de raisonnement ou compréhension. Donc dans des cas comme ceux-là, on peut choisir, pour lever le flou jeté par ce trouble (dans notre exemple la dyspraxie), de regarder l’IAG qui ne considère que l’ICV et l’IRP.

          Mais comme l’IAG ne comprend que 2 indices sur les 4 que constituent le QIT, c’est un indice moins complet (en rapport au facteur g) que le QIT. Le QIT reste la meilleure estimation des capacités cognitives humaines dont on dispose aujourd’hui.
          L’IAG est un outil dont on dispose pour éclaircir des difficultés d’interprétation de résultats de test de QI. Mais ces difficultés n’ont pas forcément à voir avec l’hétérogénéité du profil cognitif. Avoir un profil cognitif hétérogène n’est pas un problème en soi, et n’est pas du tout un argument pour s’intéresser systématiquement à l’IAG.
          L’IAG n’est pas la roue de secours, ou le joker, pour qui n’est pas content de son QIT et voudrais obtenir un meilleur score. Pour toutes les personnes qui ont de meilleurs résultats en IMT et IVT l’IAG sera inférieur au QIT.
          De plus l’IAG seul n’est qu’une information parcéllaire, car il se lit avec l’ICC. POur plus de détails, je vous renvoie aux articles mentionnés plus hauts.

          Voilà j’espère que cela répond à votre question.

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  6. marsu78 dit :

    Bonjour,
    Il y a quelques chose qui me perturbe dans votre argumentation.
    Oui, j’ai l’impression que la distinction HQI/HPI dans ce que je lis est bien celle que vous décrivez (+130 QI vs. un mode de fonctionnement qu’on trouve plutôt dans la zone des hauts QI). Oui, j’ai l’impression que ce n’est pas démontré scientifiquement (comme beaucoup de choses quand on parle des surdoués). Moi j’ai tendance à y croire (j’ai bien dit croire), vous non, pas de problème avec ça.
    Ce qui me perturbe, c’est votre attachement – que l’on retrouve dans le nom de votre blog – au fait que surdoué = +130 QI (« Surdoué·e signifiant strictement – selon ce qui a jusqu’ici pu faire l’objet de consensus expérimental et scientifique – le fait d’avoir un QIT > 130 au(x) WAIS. »).
    Même en supposant que la mesure de QI soit parfaite, objective etc. Vous pensez qu’il se passe quelque chose à 130, et que vraiment tout le monde à 131 est surdoué et personne à 129 ne l’est ? Ou il s’agit simplement d’une définition, la plus objective que l’on puisse donner, mais en vrai la limite est flou (mais probablement dans les hauts QI) pour ce qui relève des aspects psychologiques que l’on attribue aux surdoués ?
    David

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    • Line dit :

      Bonsoir,
      Je vous invite à parcourir les articles du blog pour trouver une réponse plus fournie à cette question.
      Mais non, je ne pense pas que (et la psychologie non plus) 130 de QIT soit une limite stricte et absolue.
      Comme beaucoup de choses en psychologie le QI est un continuum, même si l’on utilise une échelle pour l’évaluer.
      Il y a deux réponses possibles à votre question. Si l’on considère qu’il existe une différence de nature de pensée chez les surdoués, alors il peut être difficile de définir une limite stricte à partir de laquelle ce changement de nature s’observe.
      Si l’on considère qu’il n’y a pas de différence de nature mais une simple question de « quantité » alors la limite de 130 pose moins de problèmes.

      Aujourd’hui je considère, à titre tout personnel, que cette borne de 130 ( 125 pour des cas très précis) est un bon repère qui a du sens statistiquement pour décrire l’exception.

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  7. Mona Dahl dit :

    Bonjour Line!
    Encore un article très intéressant, mais avec lequel je ne suis pas tout à fait d’accord.
    Tout d’abord, je tiens à préciser que je n’associe pas au terme HPI une quelconque personnalité spécifique (tout au plus une différence quantitative dans l’utilisation de notre cerveau). Vraiment, pour moi, HPI se limite à sa définition première : haut potentiel intellectuel. Rien de plus. Il existe des gens plus intelligents que d’autres, c’est un fait (des gens plus potentiellement capables de réalisations extraordinaires). Le HQI a pour fonction de mesurer ce potentiel. C’est en fonction de cela que je distingue HPI et HQI. De la même façon que je distingue le fait d’être diabétique (c’est l’état), et la glycémie (la mesure de cet état). S’il me semble pertinent (et s’il paraît pertinent à un certain nombre de psychologues) de différencier les deux, cela ne me semble pas dû à un brainstorming qu’on aurait programmé afin de mieux faire accepter la chose, mais plutôt à la nécessité de faire la distinction entre ce que l’on est et la mesure de ce que l’on est. L’exemple du diabète me semble assez pertinent pour illustrer ce que je pense : être diabétique (=être intelligent, ou être une personne avec un haut potentiel intellectuel), c’est avoir une défaillance pancréatique qui réduit ou annule la production d’insuline (dans le parallèle avec l’intelligence, on ne sait pas encore ce qui génère cette intelligence, mais si on le savait, disons si c’était à cause du gène x + environnement y, on mettrait ici gène x + environnement y). La glycémie (= le HQI obtenu au test) permet de confirmer le diabète (= le HPI) de quelqu’un. Mais une glycémie élevée ne signifie pas forcément qu’une personne est diabétique, c’est-à-dire qu’elle présente une défaillance pancréatique (elle s’est peut-être gavée de sucre avant la mesure), de même qu’une glycémie normale ne signifie pas nécessairement qu’il n’y a pas de diabète (si la personne prend de l’insuline, notamment). Sans même prendre en compte l’erreur de mesure, inhérente à tous les outils (dont les tests psychométriques), et qui peut plus ou moins légèrement fausser le résultat, le QI n’est ni plus ni moins que ce qu’il prétend être : une mesure. A différencier, donc, de l’état (le HPI). Pour moi, ce n’est que cela. Et tout comme avec la glycémie, ce n’est que grâce à une interprétation rigoureuse du test (c’est-à-dire de la mesure), que l’on peut conclure sur le HPI (l’état).
    Tout bêtement, si cette distinction n’est pas faite, comment repérer l’intelligence lorsque des conditions particulières baissent le QI artificiellement? L’état, lui, n’a pas disparu, puisque c’est une condition de naissance!
    Et encore une fois, par HPI, je n’entends rien de plus que « intelligence élevée et potentiellement susceptible d’amener à des réalisations exceptionnelles », et non personnalité particulière.
    Voilà!
    J’aimerais beaucoup connaître votre point de vue là-dessus.
    A bientôt!
    Mona Dahl

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    • Line dit :

      Bonjour Mona,

      En premier lieu, je vous présente mes excuses si j’ai mal compris vos propos, mon intention n’était absolument pas de trahir votre pensé mais bien de souligner l’importance que vos réflexions ont eu pour les miennes et la considération que je leur porte.

      Ensuite, si j’entends bien le parallèle que vous faites, et que je le trouve tout à fait judicieux, il quelque chose qui me gène sans que je n’arrive bien à l’identifier.
      Le HQI, c’est avoir un QI>130. Donc tous les QI de 130 à 160 sont le HQI.
      QI>130 qui traduit des capacités cognitives supérieures à la moyenne.
      Le HPI, même considéré en tant qu’état, ce serait donc avoir ces capacité cognitives supérieures à la moyenne.
      Ces capacités cognitives supérieures, le HPI, sont là par nature, elles n’apparaissent ni ne disparaissent de l’individus, quelle que soit la façon dont il les emploie.
      Donc, en ce sens, HPI et HQI sont strictement synonyme et faire une distinction entre les deux me semble être inutile.
      Dans le cas où un trouble ou une pathologie viendrait impacter l’estimation de ces capacités cognitives, en en donnant une sous-estimation, cela ne changerait rien au fait que les capacités cognitives sont quand même supérieures à la moyenne. En terme de quantité (si je puis dire) disponible, il n’y a pas de variation. C’est la façon dont ces capacités sont réparties qui diffère.
      Quand il n’y a pas de trouble associé, toutes les capacités cognitives sont disponibles pour être mobiliser pleinement pour répondre aux questions. Quand il y a trouble ou pathologie, une partie de ces capacités sont employées à compenser ou gérer ce trouble ou cette pathologie. De fait, elles ne sont pas mobilisées ni mobilisables pour répondre au questions du test.
      Mais, virtuellement parlant, si le test était passé sans ce trouble ou pathologie, le résultat du test donnerait un QI >130.
      Et l’on retrouve bien exactement la même chose entre l’état HPI et son expression HQI.

      Peut-être alors, la distinction que vous proposez prend son sens dans le cas de pathologies/troubles impactant les performances au test de QI ?
      Car en situation non pathologique, l’état HPI se condrait de toute façon avec son expression HQI. Et donc la distinction sémantique n’aurait pas lieu d’être dans ce cas.
      Or la situation non-pathologique est considérée (arbitrairement) comme la généralité et souvent pris comme base pour définir les concepts.

      Donc, après cette réflexion presqu’en direct, je peux mieux vous dire ce qui me gênait dans la distinction que vous proposez, c’est en fait le contexte que vous lui donnez (présence de troubles/pathologies diminuant les performances au WAIS) qui me gênait. Car il s’agit pour moi d’un cas particulier, or je cherche à établir une définition de base, valable en toutes circonstances, du HPI.
      Donc ce contexte particulier, qui donne tout à fait sens à la distinction, n’est pour moi pas pertinent pour établir une telle définition.

      Mais, je précise que je trouve votre raisonnement parfaitement cohérent et tout à fait valide et adéquat dans le cas précis de troubles impactant les performances au WAIS.

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      • Mona Dahl dit :

        Je suis absolument d’accord avec tout ce que vous venez de dire! Mais il est vrai que dans un souci de manipulation des concepts, il me semble plus commode de distinguer en tout temps HPI et HQI, parce que selon moi, ces deux notions ne sont pas sur le même plan (je ne sais pas comment le dire autrement). Effectivement, elles sont alignées en cas non pathologique (alors le HPI induit le HQI) mais ça reste (de ce que j’en tire) deux notions distinctes. Un peu comme deux unités différentes telles que le litre et le gramme. Dans le cas de l’eau, on peut dire sans distinction « J’ai un litre d’eau » ou « J’ai un kilogramme d’eau », parce que c’est exactement la même chose. Mais litre et gramme renvoient à deux choses bien distictes. Je crois que dans la recherche sur l’intelligence, c’est le concept de HPI qui est étudié. On tente de le définir, puis on met en place une mesure pour l’évaluer (le HQI). La définition de HQI ne changera jamais car c’est un objet purement statistique. En revanche, le concept de HPI est celui qui est susceptible d’évoluer, c’est celui que l’on tente de définir avec le plus de précision. L’évolution des tests ne change pas le seuil statistique (130) à partir duquel on est HQI, mais elle témoigne de l’évolution du concept de HPI.
        Je ne sais pas si je suis assez claire…
        Néanmoins, cela me fait très plaisir que nos échanges vous fassent plaisir! 😊 Vous êtes également une source précieuse de réflexion et de documentation pour moi.
        Mona Dahl

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        • Line dit :

          Merci Mona.

          Vous venez de souligner ce que j’avais effleuré en répondant précédemment à votre commentaire : en fait, ce qui distingue nos conceptions c’est le sens de notre démarche exploratoire. ^^
          Vous partez du concept HPI et tentez de le définir.
          Je pars de « ce qui est » (ce que l’on observe et démontre) et m’en sers pour affiner et redéfinir ce que l’on suppose être.
          En somme on pourrait dire que vous partez du haut, de l’idée et la théorie, pour tenter de descendre vers le concret et le terrain ; alors que je pars de ce terrain, de ce qui est et m’y appuie pour tenter d’en faire une définition, un concept et le théoriser.

          Voilà pourquoi vous pouvez distinguer HPI et HQI car il s’agit d’abord de théoriser pour ensuite définir ; alors que je ne peux pas faire cette distinction tant que l’expérience ne l’aura pas constatée. ^^

          Vraiment un parfait échange à relier à mon dernier billet. Merci beaucoup !

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          • Mona Dahl dit :

            Oui, cela y ressemble tout à fait! Après, c’est un jeu de ping pong, observation, hypothèse, test, re-observation, re-hypothèse, etc…
            La première de mes observations ayant été que j’ai été détectée HPI sans HQI (quelles qu’en furent les raisons, par ailleurs) a dû me pousser sans aucun doute à réfléchir avant tout à ce qu’était le HPI et comment il se révélait à travers le QI. Donc, comme vous dîtes, à partir du « haut ».
            Merci à vous, encore une fois!

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  8. Mona Dahl dit :

    Édit : j’ai utilisé  » différence quantitative dans l’utilisation du cerveau », alors que je voulais dire « différence quantitative au niveau des capacités cérébrales ». La première formulation est très mal choisie, ça fait très théorie psychanalytique du HPI (so beurk).

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  9. Mona Dahl dit :

    Bonjour Line!
    Dites, je sais que je reviens avec mes gros sabots, mais une idée m’a traversée l’esprit, et je tenais à la partager avec vous.
    Vous savez certainement (car c’est pas peu de l’avoir affiché) que je soutiens un regard critique vis-à-vis des résultats au test de QI. Pas que je le dénigre, loin de là! (Je pense comme vous que c’est le meilleur outil dont nous disposons actuellement afin de mesurer l’intelligence.) Mais je pense qu’il y a souvent des facteurs impactant l’intelligence qui sont peu, voire pas pris en compte (de là mon scepticisme à propos des notions de seuils). Et ce n’est pas faute d’être reconnus scientifiquement! Alors je me suis dis : pourquoi ne pas établir un questionnaire standardisé, avec des tables de notations spécifiques, permettant d’évaluer concrètement l’impact de ces facteurs? Par exemple : une étude (je n’ai plus les références sous le coude, mais elles sont sur internet) a montré que la consommation régulière de cannabis faisait baisser le QI de 9 points. Une autre montrait que les neuroleptiques étaient responsables d’une perte de plus de 30 points. Les études de parenté (vrais jumeaux, faux jumeaux et adoptés) montrent qu’un environnement aisé impacte également la QI, en positif cette fois. En utilisant ces études, et en en faisant d’autres pour évaluer non seulement d’autres facteurs, mais aussi la façon dont ils s’ajoutent les uns aux autres (on peut penser, par exemple, qu’ils ne vont pas forcément s’ajouter avec un facteur 1, ou bien que certains seront prééminents par rapport à d’autres), on pourrait peut-être visualiser concrètement les pressions extérieures qui sont ou ont été exercées par l’environnement (ou par d’autres affections), ce qui permettrait peut-être de mieux trancher sur la question de l’intelligence de quelqu’un (et même de retracer l’histoire de cette intelligence) et de concilier définitivement HPI et HQI?
    Enfin, c’est une idée.
    Bien à vous,
    Mona D.

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    • Line dit :

      Bonjour Mona,

      Je crois comprendre l’idée que vous exposez. Et pour pouvoir aller plus loin dans l’analyse je crois qu’il faudrait clarifier non pas ce qu’est le QI, mais ce dont il est le reflet. Le QI est le reflet de nos performances cognitives lors de taches de difficultés croissantes qui nécessitent la mobilisation de nos capacités de raisonnement et d’abstraction (et ceux dans toutes leur déclinaison ou presque, y compris les facultés mises en jeu lors d’activités artistiques ou manuelles). Le QI est un indice relatif à la classe d’âge d’appartenance et au développement cérébral et moteur équivalent.
      De fait les capacités cognitives, sont plastiques, dans le sens où différents facteurs environnementaux (substances, éducation, traumatismes, etc) vont les impacter.
      Certains impacts sont réversibles, d’autres non.
      La question des influence extérieurs repose en grande partie sur la nature et le mécanisme de ces influences. Masquent-elles ou amputent-elles les capacités intellectuelles ?
      Le potentiel intellectuel existe il en tant que chose cristallisée immuable dont on exploiterait tout ou partie selon les conditions, ou bien est-il employé en permanence à son plein ?
      Pour ma part, en prenant appui sur la biologie, j’ai tendance à croire que notre potentiel intellectuel est comme le cerveau : utilisé pleinement, au mieux en fonction des besoins, en tout temps ET plastique. Certaines lesions sont réparables, compensables, d’autres non.

      Enfin, même si je trouve votre idée fort intéressante, là tout de suite elle me semble très difficile à objectiver pour un protocole expérimental.
      Au-delà des drogues, certains événements de vie (traumatismes) peuvent affecter de façon très diverses ce qui constituent les capacités intellectuelles, dont la mémoire et la concentration.
      Parfois il est difficile de faire la part du trauma psychique et de la drogue dans des ralentissements cognitifs.

      Bref, tout ça pour dire, en somme que le point de départ de cette potentielle étude serait de poser une théorie du comportement du potentiel intellectuel ou de l’intelligence : est-ce quelque chose d’inné, invariable et fini que les circonstances de la vie masquent ou dévoilent, ou est-ce quelque chose de fini mais plastique ? Ou est-il infini pour peu qu’on lui donne les « bonnes conditions »?
      A titre personnel je le conçois comme fini (c’est à dire limité chez un même individu), plastique et sensible à l’environnement. Pour autant nous avons tous nos limites intellectuelles et les discours qui vous affirment le contraire sont à examiner avec précaution car c’est un argument récurent de bien des sectes.

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  10. Mona Dahl dit :

    Merci ! ^^
    C’est toujours un plaisir pour moi, également.
    Merci de votre regard attentif et bienveillant sur mes idées parfois saugrenues! ☺️
    Je vois très clairement ce que vous voulez dire par théorie du comportement de l’intelligence, et oui, ce ne serait pas du luxe pour mettre tout ça en chantier!
    Il est clair également que même si je ne le mentionnais pas explicitement, les traumatismes avaient leur part dans cette idée. Enfin, tout facteur annexe susceptible d’impacter le QI (même de façon irréversible, c’est à cela que je pensais en parlant de retracer l’histoire de l’intelligence).
    J’ai eu cette idée en repensant aux multiples façons dont les psychologues interprètent (ou pas) l’anamnèse lors d’un test de QI, la valorisant parfois outre mesure (et amenant à surestimer le potentiel de l’individu passant le test) ou au contraire en l’ignorant totalement (et menant à des sous-estimations bien éloignées de la réalité).
    Enfin, j’aime beaucoup votre conception de la nature de l’intelligence (en tout cas, elle me parle particulièrement). Je rebondis dessus car la plasticité est précisément le lien que je fais entre QI et potentiel intellectuel : ce que mesure le QI serait plastique dans la mesure du potentiel. Dans les bonnes conditions, le QI se manifeste donc à la hauteur de ce potentiel ; dans des conditions plus défavorables, en revanche, il n’en est pas le reflet. Mais il me vient alors la question : l’intelligence, est-ce le potentiel? (Je crois qu’il aurait mieux valu que je m’interroge plus tôt là-dessus, parce que sans doute que ma perception du potentiel intellectuel distinct du QI vient de l’assimilation que je fais entre intelligence et potentiel).
    Merci encore de vos retours, ils sont toujours sources d’énormément de réflexions et de remises en question!
    Mona

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  11. Mona Dahl dit :

    Re-bonsoir Line!

    Veuillez m’excuser de me manifester tant de fois en si peu de temps.
    Mais ce que vous m’avez répondu m’a donné énormément matière à réfléchir, et je suis allée faire un tour sur le blog de Franck Ramus entre temps, ce qui m’a fait cogiter encore plus. Notamment son article sur la carte mondiale du QI. Et je m’interroge sur la stabilité du QI (et de ce qu’il reflète) dans le temps. Un autre de ses article parle de la stabilité du QI dans le temps, mais je me demande si cette stabilité n’est pas due à la stabilité des pressions extérieures, qui pourraient impacter le QI. Ce que je me demande, en fait, c’est : si l’on prend une personne qui n’a jamais eu l’occasion de stimuler son intelligence (je reviens juste après sur des exemples), et qu’ensuite on le place dans des conditions stimulantes appropriées, comment évolueront ses capacités ? Par exemple Helen Keller, Marie Heurtin, les enfants enfermés (par leurs parents, dans un orphelinat) ou les enfants sauvages? Marie Heurtin et Helen Keller s’en sont bien sorties, mais était-ce parce qu’elles étaient relativement jeunes (moins de 20 ans pour Marie, une dizaine d’années pour Helen)? Mais l’article de Franck Ramus parle d’une stabilité effective dès la préadolescence. Y’a-t-il, selon vous, un moment où les capacités cognitives reflétées par le QI se cristallisent (que ce soit en ayant atteint leur plein potentiel ou non) ? Ou bien ce QI peut à tout âge subir des variations (relativement importantes) selon que les pressions extérieures changent, et que la stabilité générale du QI d’une population s’explique par la stabilité générale des pressions du milieu (dans le sens où les pressions – éducation, système de santé, état de paix ou de guerre – sont soit relativement stables, soit affectent tout le monde donc le QI ne bouge pas puisqu’il va comparer les individus entre eux)? Je me rends compte que la distinction HPI/HQI et même plus généralement PI/QI que je fais est intimement liée à ces questions. Car si le QI (donc les capacités cognitives à l’instant t) se cristallise à un moment donné, parler de potentiel intellectuel n’a plus de sens parce qu’alors les capacités cognitives ne sont plus susceptibles de bouger. En revanche, si ce n’est pas le cas, il y aura toujours une probable inadéquation entre QI et PI (ou le potentiel intellectuel désigne expressément le fait d’avoir l’outillage cérébral nécessaire à l’expression d’un certain niveau d’intelligence – le potentiel d’une personne à pouvoir atteindre un certain QI, en somme), et la distinction fait sens. Ce qui me pousse à réfléchir à tout cela est la situation particulière des pays du Tiers Monde tout en bas de l’échelle mondiale du QI. Il n’y a pas de raisons, à mes yeux, à ce que le potentiel intellectuel général soit moindre dans ces pays. Mais si, d’un seul coup, on les dotait de la richesse, de la stabilité et du système éducatifet de santé d’un pays comme la Finlande, et qu’on laissait à tous le loisir de s’instruire et de s’éduquer librement, dans le cas où ils le feraient effectivement, que se passerait-il? Le QI général augmenterait-il au bout de quelques années, accréditant l’hypothèse d’un PI n’ayant pas eu la possibilité de s’exprimer ? Ou bien stagnerait-il, et alors l’idée de potentiel intellectuel perd son sens puisque qu’un QI stable n’a que faire de ce qu’il aurait pu être dans d’autres conditions?
    Encore une fois, je vous remercie de me lire et de m’apporter des pistes constantes de réflexions.
    Il m’apparaît aussi que j’ai complétement occulté la situation particulière dans laquelle nous nous trouvons, et que la moindre des politesses en ces temps aurait été de vous demander si vous et vos proches vous portez bien. En tout cas, je l’espère de tout coeur! (Et pour votre master, ce n’est pas trop compliqué? Moi, mes examens vont être un merveilleux casse-tête… Comme en plus, je suis l’une des seules de ma branche universitaire à avoir un tiers temps, je ne sais pas du tout comment le faire valoir auprès de l’administration !)
    Bien à vous
    Mona D.

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    • Line dit :

      Bonjour Mona !
      Je vous réponds enfin. J’avais gardé votre commentaire bien au chaud comme un petit bonbon qu’on garde par devers soi pour le savourer à un moment propice, et le temps à filé !

      Je vous remercie à mon tour pour vos interventions qui n’ont de cesse de me pousser à affiner mes réflexions, et que je trouve toujours d’une grande qualité.
      Vous faites partie des lectrices et lecteurs dont la présence sur ces pages m’enorgueillie totalement.

      Pour vous répondre, il faut revenir à la construction des tests de QI tels qu’utilisés aujourd’hui. Ce sont des tests sensibles à la culture. Un exemple tout bête, faites passer un WAIS français à une personne portoricaine, le résultat risque de ne pas être brillant. Pour autant, cela ne dira rien des capacités cognitives de l’individu en question.
      Donc, ceci explique en partie en quoi certains pays obtienne des moyenne de QI de la population plus basse que d’autres, particulièrement les pays dont la culture et la conception de l’intelligence (et donc la façon d’investir et de gérer les capacités cognitives) ne sont pas identiques.
      Le plus faible QI estimé de certaines population mondiales, dépendrait plus, je crois, de la façon même dont nous concevons l’intelligence et son expression que des capacités cognitives réelles des individus.

      Je crois que tout le nœud des questions que vous soulevez réside dans la notion de potentiel.
      Par définition, ce qui est « potentiel » c’est ce qui est possible. Qu’entendez-vous par potentiel intellectuel ? Est-il fini ? Infini ?
      Ensuite, si quand il est inexploité, le potentiel laisse la porte ouverte à tous les possibles, une fois qu’une version de ce potentiel est exprimée, les autres cessent d’être possibles non ?
      Donc si un QI stable est une des infinie possibilités d’expression et d’existence d’un potentiel intellectuel donné, alors toutes possibilité d’autre QI n’existe plus dès lors qu’une des possibilité existe.
      Donc une fois le potentiel disparu, parce que devenu réalité (ici ce serait un QI donné) il n’y a plus de sens à se demander ce qu’aurait pu être ou était le potentiel intellectuel qui a donné naissance au QI en question.

      Non ?
      Je sais que je ne réponds pas à vos, questions et que je ne fais qu’en poser d’autres, mais l’exercice philosophique que vous m’avez amenée à faire est trop amusant pour que je ne le partage pas avec vous. ^^

      Bien à vous,

      Lyne.

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  12. Mona Dahl dit :

    ^^ Merci pour cette réponse ! Je comprends bien l’inclinaison philosophique que vous prenez (oui, la perche était belle), mais ma réflexion était initialement beaucoup plus terre à terre… :p

    Je me suis relue (vite fait), et j’aurais dû vous préciser que l’article sur les pays du tiers monde était de Franck Ramus, disponible sur son blog. Je vous laisse le lire, il est particulièrement intéressant (comme à peu près tout ses articles). En gros, il explique que le score des pays du tiers monde ne peut être simplement expliqué par une mauvaise adaptation du test aux populations locales (mais je vous laisse le plaisir de découvrir la suite). C’est de là que vient mon interrogation (complétée par le cas des enfants sauvages).

    Je ne sais pas trop si je dois vous définir réellement ce que j’entends par potentiel intellectuel, j’ai du mal à saisir si vous étiez sérieuse lors de votre demande… ^^’ (J’ai souvent des difficultés avec le second degré, d’autant plus quand c’est par écran interposé.) Dans le doute, je vous la donne quand même (et si c’était pour plaisanter, vous pouvez passer! :D). Pour moi, le potentiel intellectuel est la capacité que l’on peut avoir à être intelligent. Il n’est pas infini, est relativement stable. Le QI cherche à mesurer ce potentiel, mais comme toute mesure, il peut être défaillant, pas dans le sens où l’instrument n’est pas fiable, mais dans le sens où ce que l’on cherche à mesurer n’est pas forcément toujours accessible avec clarté.

    En parlant de ça (je suis sûre que vous devinerez l’enchaînement de mes pensées), j’ai repensé à votre article sur votre formation au WAIS (le premier, celui où vous aviez appris que le seuil de HPI pouvait – et devait – être abaissé ou relevé en fonction du niveau social du patient (du passant)), et je me suis dit qu’à côté de l’aspect environnemental qui impacte le QI, il y a le fait que le test a pour finalité, grosso modo, de comparer les gens entre eux. Et de la même façon qu’il n’est pas très pertinent de comparer la performance de deux coureurs de marathon dont l’un s’entraîne depuis 10 ans et l’autre depuis un mois, il n’y a pas de sens à comparer deux personnes dont les milieux sociaux économiques sont un peu trop différents. Enfin, j’enfonce sans doute une porte ouverte, mais c’est vrai que ça m’a semblé être une sorte d’alternative à la compréhension de pourquoi tout le monde n’est pas HPI avec le même score.

    Voilà ce n’était pas un long message, mais ça me fait toujours tellement plaisir de réfléchir avec vous!

    Je vous souhaite bon courage pour la fin de votre année, je vous souhaite toutes les réussites !

    Au passage, j’aurais beaucoup aimé savoir (si vous acceptez d’en parler) quel sera votre domaine d’action, quelles sont les différences entre un psychologue social, un psychologue du travail et un psychologue clinicien (je ne connais que les cliniciens, je pensais que c’était les seuls qui avaient des cabinets, et que les autres étaient beaucoup plus dans le domaine de la recherche). Ça m’intrigue depuis quelques temps… !

    Je vous souhaite une bonne journée !

    Mona Dahl

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    • Line dit :

      Bonjour Mona,

      J’étais tout à fait sérieuse en vous demandant votre définition du HPI. 😊 Et je vous remercie pour votre réponse.

      Finalement, ce que vous décrivez comme HPI, ressemble beaucoup au QI.

      J’avais lu l’article en question il y a un moment. Il me semble qu’il répondait à une utilisation quasi eugéniste et raciste du QI. En somme quelqu’un ou un groupe de personnes avaient repris la carte du QI pour justifier des idées de type supremasiste blanche. L’article de monsieur Ramus venait recadrer les choses en remettant l’outil qu’est le test de QI dans son contexte. (de mémoire).

      J’entends quoi qu’il en soit votre idée.

      Alors il faut savoir que le seul titre protégé en France est celui de psychologue. Ce qui vient après n’est qu’une fantaisie académique.
      Se dire « clinicien*ne » c’est une façon de faire valoir que l’on a réalisé 500h de stage en hôpital.
      C’est « tout ».
      Pour le reste il s’agit soit de faire valoir sa spécialité de Master, soit de communiquer son appartenance théorique.
      Par exemple un psychologue cognitiviste à soit fait un master de psychologie cognitive, soit utilisé les TCC.
      Pour les psychologues sociaux c’est plus vastes. Soit cela désigne le domaine d’action soit un domaine d’études.
      Par exemple un psychologue dit social travaille souvent dans le domaine de la justice, soit auprès des tribunaux directement soit en intervenant auprès des détenus. Mais il peut aussi intervenir auprès des victimes. Ce qui nous amène à la victimologie et criminologie par exemple. Mais on peut aussi traiter de l’addictologie.
      On peut aussi travailler sur les groupes, quels qu’ils soient, y compris la famille. Intervenir à l’ecole/college/lycée, aussi en tant que conseiller d’orientation.

      Le seul titre qui existe en France c’est celui de psychologue. Le reste est une fantaisie personnelle du professionnel.
      Les cliniciens précisent « cliniciens » parce qu’il existe une hiérarchie informelle dans les domaines de la psychologie qui les pose en « élite ». Je suppose que c’est lié au fait qu’ils ont fréquenté en théorie plus de médecins dans leurs études. Mais en vérité « clinicien » renvoie à la pratique dite « clinique » c’est à dire de l’entretien avec les patients. Or, tous les psychologues réalisent des entretiens avec les patients.
      Et tous les psychologues sont formés à la psychopathologie adulte et enfant.

      Les psychologues dits « du travail » constituent le bas de cette échelle sociale, à peine considéré comme des psychologues, alors qu’il gèrent sans doute plus de cas de risques suicidaires et de dépression que certains collègues « cliniciens ».

      Toutes cela relève plus du chipotage académique et universitaire et de la guéguerre d’ego que de réalité sur la compétence. Par exemple bien des personnes dotées d’un Master en psy cognitive mais non psychologue m’ont semblées plus à même d’être psychologue que des psychologues dits cliniciens accrochés comme des moules à leur rocher à la théorie psychanalytique. 😁

      Pour ma part il y a trois domaines qui m’intéressent : le HPI, les TCA/obésité, la justice (victimologie, discriminations).

      Et d’autres choses à venir au grès de mes formations.

      Voilà j’espère avoir répondu à vos questions. 😊

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  13. Mona Dahl dit :

    Merci beaucoup pour ces réponses ! Je ne savais pas qu’il y avait une telle hiérarchie, je pensais sincèrement que les cliniciens (et cognitifs) se destinaient à être auprès des patients, et que les autres préféraient le travail de recherche. (Et que du coup, seuls les cliniciens étaient formés à la psychopathologie). Autant pour moi! En tout cas, je vous rejoins sur le fait que les théories psychanalytiques sont complètement claquées. Après, la psychanalyse en elle-même (que j’ai toujours définie parce qu’elle semblait dire, c’est-à-dire analyse de la psyché, mais il semblerait que je me trompe là-dessus) ne m’a jamais semblé mauvaise en soi, même plutôt bénéfique ; après, ce que j’appelle psychanalyse porte sans doute un autre nom.

    Et de la même façon, si ce que vous appelez QI est ce que je nomme potentiel intellectuel, on peut palabrer longuement! 😀 Il est vrai qu’en tant que « patiente », j’entends bien plus volontiers le terme clinique de HPI que celui psychométrique de HQI (qui n’est selon moi qu’une mesure). Ce que je pourrais reprocher à la recherche, en tout cas, c’est le peu de consensus qui est fait sur les définitions (un article de N.Gauvrit en parlait d’ailleurs justement). Pour moi, ce sont clairement ces zones d’ombres qui ouvrent la voie à tout ce que l’on peut entendre de fantaisiste (au mieux) sur le HPI (pardon, le HQI :p).

    Pour l’article de Franck Ramus, l’accent était surtout mis sur les difficultés des pays du Tiers Monde à proposer à sa population des soins (fait responsable de 60% de la variance observée) et de la pauvreté du système scolaire. J’avais cru comprendre que précisément, il dépassait l’argument des tests non adaptés, trouvant qu’il n’expliquait pas suffisamment les différences observées (et clouant au piloris les théories racistes). C’est vraiment cet article qui m’a relancée sur mes questionnements de HQI/HPI.

    Voilà, encore une fois, merci du temps que vous me consacrez, c’est un réel plaisir!

    Et bon courage, de nouveau pour cette dernière ligne droite!

    Mona Dahl

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  14. Mona Dahl dit :

    Bonjour!

    Et bien du coup, je viens de lire les correctifs que vous avez apportés à votre article sur votre formation au WAIS, et le passage où vous revenez complètement sur le seuil de 130 à relativiser. Est-ce moi qui ai mal compris, où est-ce bien votre position? Si c’est le cas, je dois dire que, même si la science n’est pas censée être idéologique, les implications sociales (et racistes, cf l’article de Franck Ramus) qui en découleraient me mettraient profondément mal à l’aise.

    Je conçois parfaitement qu’en recherche, un QI de 130 soit préconisé pour aborder la haute intelligence (parce que c’est le moyen le plus objectif de la détecter), mais il me paraît toujours aussi fantaisiste de l’utiliser comme seul critère de définition de cette même haute intelligence. Tant de choses me paraitraient contradictoires si c’était le cas! (Notamment que les classes sociales aisées – souvent blanches – seraient « naturellement » plus intelligentes.)

    Et je viens de me poser une question : puisque des conditions sociales favorisantes induisent un plus haut QI, comment savoir, finalement, dans ces études qui font le lien entre QI et réussite scolaire/longévité/santé, quelle part est à attribuer au QI, et quelle autre à ces conditions favorisées?

    En vrai, j’ai tellement le sentiment qu’un truc cloche, que ça me met mal… :s (Je ne sais pas si vous l’avez déjà ressenti, cette impression que tout « n’est pas en ordre », et si ça vous fait le même effet qu’à moi. Mais j’ai un côté obsessionnel avec l’ordre qu’il doit y avoir dans ma tête…)

    J’espère que vous comprendrez mes interrogations. J’essaie au mieux de comprendre, mais j’ai l’impression, parfois, que les études même les plus sérieuses sur le sujet ont souvent des biais, ou ne prennent pas en compte toutes les dimensions qui entourent l’intelligence (facteurs sociaux, médicaux, psychologiques même etc), en fait, que c’est un domaine si vaste qu’il est difficile de l’embrasser entièrement. N. Gauvrit avait même été jusqu’à émettre une réserve sur l’étude de Terman que j’avais trouvée pertinente, c’était que des enfants qui se savaient être des génies avaient, en tout état de cause, un sérieux avantage en terme de confiance en eux, ce qui a dû se ressentir dans leurs etudes. (comme quoi, la dimension psychologique dans la construction de cette étude avait été un peu mise de côté. Tout comme il n’est, je crois, pas explicité le milieu d’où venaient ces enfants).

    Sur ce, je vous souhaite une bonne journée !

    Mona Dahl

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    • Line dit :

      Bonjour Mona,

      Les corrections apportées à l’article visent à clarifier ce qui, sur le sujet du HQI, relève des hypothèses non démontrées, et ce qui relève de ce qui est effectivement démontré.
      La relativité du seuil de 130 pour parler de HPI est une théorie non démontrée par la science, qui repose, si j’ai bien tout saisi, sur une conception du HPI comme distinct du HQI (cf le dernier article sur le sujet).

      En tant que grande enthousiaste de la psychologie sociale, je soutiens évidemment une idée de relativité culturelle dans la définition de bien des concepts, l’intelligence en étant un.
      Et j’adhère également à ce relativement nouveau courant en science sociale qui vise à rééxaminer toute l’histoire des science au prisme des discriminations systémiques (sexisme et racisme) pour démêler certaines causalités ou corrélations qui ont été présentées comme « scientifique » et ont permis de justifier par la suite des ordres sociaux (indirectement ou directement) discriminatoires.

      Je crois comprendre, selon votre autre commentaire, que votre question porte sur le lien entre score de QI et environnement. Il me semble que nous avions déjà eu des échanges sur le sujet et ma position est la même qu’alors, oui il y a une influence de l’environnement sur le QI et cela doit être considéré. Mais comme vous le dites bien, il est difficile d’évaluer quelle part et comment cet influence se traduit.

      Comment connaitre le poids de chaque facteur dans un processus ? Avec des modélisations. Ce sont de jolies manipulations statistiques qui permettent de déterminer le poids (l’influence ou l’importance si vous préférez) de chaque facteur dans un processus particulier. Par exemple, l’importance d’un biais cognitif particulier dans l’adhésion aux théories du complot.

      Figurez-vous que se savoir « génial » n’aide pas forcément à être bien dans ses baskets et/ou à avoir de bonnes notes. IL n’est pas rare de voir des enfants très bons élèves, surdoués ou non, souffrir d’anxiété de performance, et peiner ce faisant à obtenir de bon résultats.
      La confiance en soi n’étant pas seulement construite de façon interne, il arrive aussi que des « petit(e) génies », tout en sachant surdoué(e)s n’aient aucune confiance en eux, parce que leur environnement ne les a pas aidé à cela (rejet de la famille, ou surexigence de la famille « tu es surdoué, si tu réussi c’est normal » ou encore « 18 ? Tu n’as pas eu 20 ? Heureusement que tu es surdoué hein… » ou encore le rejet des paires).

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  15. Mona Dahl dit :

    Édit : l’étude de. Terman donne bien les milieux socio-culturels et surprise (non) : les CSP+ représentent l’environnement de presque un tiers des enfants (alors que les professions intellectuelles et supérieures representaient moins de 3% des travailleurs à l’époque et encore, dans les grandes villes), les minorité raciales sont quasiment absentes (la ségrégation de l’époque faisait qu’ils n’avaient pas accès aux mêmes écoles, aux mêmes loisirs, bref, leur niveau d’éducation était clairement inférieur). En fait, il y a fort à parier que la réussite de ces enfants est moins dû à leur QI (même si, bien sûr, il y est un peu pour quelque chose) qu’aux conditions avantageuses dont ils ont bénéficié.
    Tous avaient un QI de 140 ou plus. C’est sur ce seul critère qu’ils avaient été sélectionnés.
    Et finalement, voilà ce qui me dérange avec une mise en synonyme parfaite de HQI et HPI. Les minorités raciales (les plus pauvres en général) ne sont pas moins intelligentes, mais il est évident que l’on trouvera parmi eux beaucoup moins de HQI (dans l’étude de Terman, même l’argument d’un test inadapté à la population locale ne tient pas, car les enfants étaient tous états-uniens – sauf pour les diasporas). Si HQI et HPI (ici, pour moi, HPI signifie « être intelligent » et HQI signifie avoir obtenu 130 au moins à un test de QI) sont strictement synonymes, il faut admettre que les minorités raciales sont moins intelligentes. Ce que je trouve profondément faux. Le fait de ne pas pouvoir exploiter complètement son potentiel de sorte à avoir un QI en adéquation avec ses capacités me semble être une explication bien plus logique. Mais cette explication implique nécessairement que je détache les deux concepts de HPI et de HQI.

    Je serais ravie le lire ce que vous en pensez!

    A nouveau, très bonne journée !

    Mona Dahl

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    • Line dit :

      Je ne sais pas s’il est encore adéquat de parler de minorité « raciale », le terme de « race » dans l’espèce humaine étant inapproprié en plus d’historiquement et moralement chargé. Il me semble que le terme adéquat est minorité ethniques, mais il faudrait le vérifier.

      Ce point de vocabulaire étant fait, j’en viens à votre question.
      Je ne considère pas que HPI signifie « être intelligent ». Et d’ailleurs aucun des deux, ni HPI, ni HQI ne signifie « être intelligent » (que ce soit selon moi ou selon les sciences).
      Le QI ne statue pas sur la présence ou l’absence d’intelligence, ni sur sa qualité ou sa quantité. Il donne à voir, il estime, l’efficience avec laquelle un individu mobilise cette intelligence dans un contexte artificiel donné.
      Et par traitement statistique on est en mesure de faire quelques extrapolations de pronostics de réussites ou d’échec dans différents domaines en fonction d’un score de QI. Mais ce ne sont que cela, des évaluation. Ce n’est pas gravé dans le marbre et ce n’est pas l’exacte et parfaite et absolue vérité.

      Par commodité et raccourcis de réflexion on dit que c’est un test d’intelligence, mais le test de QI, s’il évalue les capacités cognitives, c’est seulement à travers leur mobilisation.
      Dans un contexte donné, un individu a été capable de mobiliser ses capacités cognitives, quelles qu’elles soient, pour répondre à des questions de sorte à obtenir tel score de QI.

      A partir du moment ou ni HQI, ni HPI ne signifie « être intelligent » le problème discriminatoire que vous soulevez (de façon pertinente) tombe de lui-même. (et heureusement ! L’être humain se trouve suffisamment de raison stupide (j’aime ce quasi oxymore) pour se taper dessus, n’allons pas lui en donner une autre).

      En résumé, je crois que les soucis que vous évoquez comme beaucoup d’autres qui jaillissent autour du QI viennent des interprétations qu’on tente d’en faire, qu’on voudrait en faire ou qu’on pense pouvoir en faire. Et donc de bien des biais de raisonnement.

      Le QI n’est pas ce qui définit un individu. Il ne dit pas son avenir et il ne résuma pas non plus son passé. Il ne dit pas ce qu’il fera, ni ce qu’il sera capable d’accomplir. Pas plus qu’il ne parle de ses limites. Pas dans l’absolu du moins. Il donne des indices sur ce qui pourrait être, au vue de ce qui a déjà été fait. Et c’est tout.

      Donc 95,125 ou 145 de QI, cela ne doit pas permettre de définir l’individu dans sa totalité. Ce sont simplement des indices de facilités ou difficultés probables dans certains domaines.

      Et très bonne journée à vous aussi. 🙂

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  16. Mona Dahl dit :

    Je vous reçois fort et clair sur le point de vocabulaire, je pense l’avoir utilisé car avec le contexte actuel aux USA (dont les habitants vont avoir bien plus tendances à parler de minorités raciales, et non ethniques), il me semble l’avoir beaucoup entendu. Mais effectivement, minorités ethniques est un terme bien plus approprié.
    Pour la suite, je dois le dire, même si je crois entendre ce que vous voulez dire, je ne vous suis plus trop. A priori, il y a bien un rapport entre l’intelligence et le QI non? Quand bien même le QI mesurerait la mobilisation de nos capacités dans un contexte donné, il tend à vouloir évaluer ces capacités, par le prisme de leur mobilisation, non? Les tests de QI ne sont-ils pas pensés selon des théories de l’intelligence, pour approximer au mieux ces capacités ? J’ai du mal à vous suivre… Je suis assez convaincue (peut-être à tort) que le QI n’est généralement pas le reflet exact de ces capacités, mais qu’il peut néanmoins en donner une idée (dans le sens où un individu testé à 130 ne peut être considéré comme déficient, quoiqu’un QI à 70 mérite sans doute d’être plus finement analysé avant de conclure à la déficience). L’intelligence si on la définit comme les capacités de compréhension, de raisonnement, d’abstraction, qui font qu’un individu appréhende plus justement le monde qui l’entoure, est soutenue par ces capacités cognitives mesurées par le QI, non? Vraiment, vos dernières remarques me laissent perplexe… Ou alors de bout en bout, je n’ai rien compris. Qu’est-ce pour vous, qu’être intelligent et quel lien faut-il faire (si l’ on peut en faire un) entre cette intelligence et le QI? Ceux qui, ayant un QI élevé, en concluent à leur intelligence, se trompent? (Ce sont de vraies questions, rien de réthorique là-dedans!)
    Enfin, tout cela est venu du changement dans votre article sur les seuils de QI à relativiser, ou vous supprimez carrément cette partie. Ça m’a énormément perturbée, précisément parce que j’ai fraîchement en tête ces données de QI mises en relation avec le niveau de vie. Et que je trouve assez injuste de ne pas conclure à des capacités cognitives supérieures d’une personne (et donc à sa potentielle haute intelligence) ayant eu un niveau de vie défavorisé, si son QI n’est pas à 130, sous prétexte qu’il n’a pu apprendre à mobiliser correctement ces capacités. Tout comme il me semble injuste de conclure qu’une personne possède de plus grandes ressources cognitives si, ayant eu une niveau de vie favorisé, elle présente un QI supérieur à 130 (quand ses pairs favorisés ont un QI moyen de 120 – il me semble que c’est la moyenne dans les CSP+ – et donc, même si l’écart-type est sans doute plus faible, il ne se trouve pas à 2 écarts-types de la moyenne de ses pairs).
    Mais après, si effectivement ce seuil ne pouvait être discuté (ce qui peut parfaitement être le cas), j’aurais bien du mal à ne pas voir le QI bien plus comme l’indicateur d’un bon niveau de vie que comme un indice d’intelligence. Et le terme de surdoué ne signifierait plus tant le fait d’avoir des capacités cognitives supérieures à la moyenne que le fait d’avoir, et d’avoir eu, un niveau de vie favorisé, qui aura permis l’optimisation de la mobilisation de ces capacités…
    J’ai vraiment hâte de vous lire, je suis à deux doigts de conclure à la vacuité du HQI et de tout ce qui en découle. Car au final, même son pouvoir de prédiction de réussite scolaire et de bon niveau de vie est remis en cause par le fait qu’il est généralement accompagné d’un niveau de vie favorisé, et que ce niveau de vie peut tout aussi bien expliquer ce que le HQI est censé prédire (reproduction sociale).
    Et alors arriverait ma dernière question : si le HQI n’est qu’une conséquence supplémentaire d’un bon niveau de vie, qu’il n’a que peu de lien avec l’intelligence (puisque l’intelligence,comme la bêtise, est censée se retrouver partout équitablement, et pas seulement chez des blancs favorisés, où l’on trouve visiblement plus de HQI), pourquoi s’y intéresser en tant qu’outil d’approche de l’intelligence humaine ?
    Voilà, j’espère avoir pu exprimer convenablement toutes les interrogations que ce détail modifié de votre excellent blog aura amené en moi. Quand je vous parlais des contradictions que ce détail suscitait dans ma pensée, je parlais de tout cela (si d’aventure je n’ai rien oublié).
    Je vous souhaite une excellente soirée !
    Mona Dahl

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    • Line dit :

      Je comprends votre confusion, je n’ai pas été suffisamment claire.
      Oui il y a évidemment un lien entre capacités cognitives et QI.
      Mais ce n’est pas un haut QI qui définit l’intelligence. C’est pourquoi je disais que le QI ne signifie pas « être intelligence » on reconnaît de l’intelligence aussi à d’autres animaux pourtant on ne mesure pas (encore) leur QI.
      L’intelligence en tant que concept dépasse, je crois, une de ses expressions qui est le QI.

      Le problème de votre raisonnement, si vous me permettez, c’est que vous faites un lien de causalité unique et absolu entre score de QI et niveau de vie. Or si le niveau de vue participe au score de QI qu’on peut obtenir, il n’en est pas là seule et unique cause et explication.
      Un QI élevé est signe d’intelligence, mais je ne pense pas qu’il soit correcte de penser pouvoir faire une réciproque en disant qu’un QI non élevé serait signé d’absence d’intelligence.

      Est-ce plus clair ?

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    • Line dit :

      Ah et je précise de nouveau que mes corrections visent à faire la part de ce qui est démontré et ce qui ne l’est pas. Après ce qui n’est pas démontré n’est pas forcément faux, mais il est incorrecte d’affirmer que ce qui n’est pas démontré est vrai.

      Chacun(e) ensuite est libre de construire ainsi sa propre opinion du sujet, sur la base d’éléments dont le caractère démontré ou non est connu.
      C’était le but de mes corrections, faire le tri, mais elles ne prétendent pas dire ce qui est dans l’absolu ou n’est pas, mais bien ce qui est connu et ce qui ne l’est pas.

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  17. Mona Dahl dit :

    Ho, non je ne fais pas de lien de causalité unique et absolu, pas dans ma tête, en tout cas…! Même si j’avoue avoir durement forcé le trait, car le fait que les HQI soient tant représentés dans les milieux favorisés n’est pas, à mon avis, suffisamment mentionné quand on parle de ce sujet. Et j’ai l’impression que ce fait à lui seul doit questionner sur la validité d’un seuil (en l’occurrence du fameux 130) pour parler de surdouance. Car l’autre hypothèse serait alors qu’il y a effectivement beaucoup plus de personnes avec de hautes capacités cognitives et donc une haute intelligence, chez les personnes favorisées. Peut-être bien sûr est-ce le cas. Mais je trouverais cela… tellement triste comme découverte.

    Un petit calcul de probabilité (en reprenant simplement les données de l’étude de Terman : 29% des enfants étaient issus d’une CSP+, la proportion de CSP+ dans les grandes villes était de 2,9%, et avec un écart-type du test de Stanford-Binet à 15, la probabilité d’avoir un QI d’au moins 140 est de 0,4%) montre que la probabilité d’avoir un QI>= 140 si on est issu d’une CSP+ est de 4%, et celle d’avoir un QI>= 140 quand on vient du reste de la population est de 0,3%. C’est plus de dix fois moins.

    Je vous avoue que c’est la première fois que je prends la mesure de ces différences.

    A ce que vous mentionnez en disant qu’un HQI est signe d’intelligence mais que la réciproque n’est pas vraie, j’aurais tendance à penser qu’un HQI chez une personne issue d’une CSP+ est moins signe de grandes capacités que de l’optimisation de l’utilisation de ces capacités (mais je me répète). Je suis bien entendu d’accord avec vous sur la réciproque. Mais selon vous, ne semble-t-il pas logique qu’un QI de 120 pour une CSP+ étant une moyenne (si mes souvenirs sont bons), alors une exception statistique correspondant à deux écarts-types n’interviendrait qu’à partir d’un QI bien plus haut que 130? De la même façon, pour un enfant d’ouvriers (milieu où le QI moyen est de 90-95) ayant un QI de 120 ne peut-il pas déjà être considéré comme une exception statistique?

    Je vous souhaite une bonne matinée, et j’ai vraiment hâte de vous lire sur tout ce que j’ai pu soulever comme questionnements.

    Mona Dahl

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    • Line dit :

      Bonjour Mona (on ne se quitte plus !),

      Il y a plusieurs choses sur lesquelles il me semble pertinent de revenir pour vous répondre.
      D’abord revenir aux implications de passage de ce seuil de score de QIT quel qu’il soit. Peut-être pouvons-nous faire l’exercice mental de déplacer les questions portant sur le seuil de 130, au seuil de 70. Car, en substance, ils sont de même nature, une nature avant tout statistique et descriptive, pour donner à voir une distribution de la population selon des performances à un test.
      Ensuite, pour questionner ce seuil, il faut comprendre ce qu’il est. Un seuil statistique, qui situe les individus les uns par rapport aux autres selon une même donnée. Pour le test de QI, les performance à des épreuves que l’on sait faire particulièrement et plus spécifiquement appel à l’intelligence (ou facteur g).
      Un seuil est une donnée arbitraire par nature, et surtout binaire. Il est évident, il me semble, que sa nature mathématique et sa lecture binaire (on passe le seuil ou non) ne s’accorde que mal à la complexité de la nature humaine.
      Comme les seuils en médecine. Prenons par exemple l’IMC (Indice de Masse Corporel) il varie théoriquement de 0 à l’infini (comme le QI, mais techniquement on a pu observer des valeurs entre 14 ou 15 (je crois) et supérieure à 40. Sur cette échelle, différent seuil sont fixés, les seuils de famine, de maigreur, d’IMC sain, de surpoids d’obésité modérée, obésité sévère et obésité morbide.
      C’est un indice très pratique et largement utilisé. Mais, voilà, ces seuils mathématiques appliqués à du biologique posent régulièrement question ou soucis. Beaucoup de joueurs de rugby ont un IMC qui les place dans l’obésité, pourtant, leurs analyses ne montrent pas plus de risque de complications liées à l’obésité qu’une personne avec un IMC sain. Ils ont souvent simplement plus de muscles, ce qui a un impact sur leur IMC.
      C’est la conséquence de la création de catégories théoriques, il y a toujours des cas limites.
      Ce qu’il me semble important à saisir, c’est qu’il n’y a pas, en science, de jugement de valeur associée aux catégories. Et cela s’applique aussi au QI. D’un point de vue strictement scientifique, objectif, aucune catégorie définie par les scores de QI n’est plus valorisée qu’une autre. Je m’éloigne là de vos réflexions, mais je tenais à préciser cela, plus pour des lecteurs et lectrices qui liraient nos échanges que pour vous directement.

      Ensuite, la question du milieu socio-économique. Votre réflexion serait implacable, si seul le milieu socio-économique avait une influence sur les performances au score de QI, ou si parmi tous les facteurs l’influençant c’était le seul à avoir une influence significative. Or nous (la recherche) savons que ce n’est pas la cas. Cela joue un rôle mais l’on ne peut pas dire pour autant qu’il est le seul facteur impliqué.
      Sinon, comme vous le soulignez, alors nous n’aurions que des surdoués chez les CSP+. Mais alors… SI l’on considérait que CSP+ = surdoué, que faire des enfants qui sont issu de milieu économique et social moyen ou faible, et deviennent CSP+ ? Que dire de leur QI a eux selon l’hypothèse posée plus haut ? Si le milieu socio-économique de naissance et de développement détermine le QI alors, le changement de classe socio-économique ne permettrait pas ce changement ? Et inversement, les enfants de CSP+ ne devraient alors pas descendre dans l’échelle socio-économique (et pourtant, le transfuge social , je crois que c’est le terme approprié, est une réalité dans les deux sens).
      On peut là aussi faire un parallèle avec l’IMC, il y a des études qui décrètent que , pour résumer en des termes triviaux, l’obésité est une maladie de pauvre, parce qu’on observe plus de personnes (enfants et adultes) obèses chez les classes socio-économiques les plus défavorisées que chez les CSP+.
      Alors de cette observation peut-on dire qu’être pauvre rend obèse, et qu’être riche (pour rester dans le même vocabulaire) est garant d’intelligence ?
      Et bien non, évidemment que non.
      Que ce soit pour le QI comme pour l’IMC, ce que l’on peut tirer des corrélations ce sont des probabilités de co-occurrence d’événement. Mais pas de causalité.
      Et encore ces probabilité de co-occurence sont de fiabilité variable, étant donné la multitudes de facteurs qui interviennent dans la relation.

      Revenons plus précisément à vos remarques.
      « Même si j’avoue avoir durement forcé le trait, car le fait que les HQI soient tant représentés dans les milieux favorisés n’est pas, à mon avis, suffisamment mentionné quand on parle de ce sujet.  »
      Je me permets de m’inscrire en faux face à cette réflexion. La question des biais d’échantillonnage en matière d’étude sur le QI sont très souvent relevées. Il est vrai que ces biais portent plus sur des aspects psychopathologiques, mais il n’empêche que la question, particulièrement en science sociale, est très étudiée particulièrement ces temps-ci. En tout cas, en psychologie, le domaine vit une belle étude des critères de robustesse des études réalisées en recherche, et l’analyse des biais présents dans les études en fait partie.
      De plus cette question a déjà été soulevée (celle de la surreprésentation des CSP+) : le test de QI a un coût, tant temporel, logistique que financier, et les individus de classe sociale moyenne et supérieure ont plus d’opportunités et de moyens pour faire à ces coûts. Là où l’on pourrait trouver des informations fort intéressantes sur les tests de QI chez les populations des classe sociales le moins favorisées, ce serait en CMPP peut-être.
      Quoi qu’il en soit on voit déjà là que le lien entre classe sociale et intelligence n’est pas direct, il passe en fait par l’effet de détection. C’est comme pour la représentation fille/garçon chez les surdoué(e)s. On y observe un ratio déséquilibré en faveur des garçons. Est-ce à dire que les garçons sont plus intelligents que les filles ? Non, c’est surtout qu’on amène plus facilement un petit garçon consulter un(e) pédopsychiatre ou un(e) psychologue. De fait l’occasion de passer le test de QI est plus fréquent pour les garçons que pour les filles.
      Ainsi la classe sociale ne fait pas à elle seule l’intelligence, elle peut plus ou moins favoriser son expression d’une part et sa détection d’autre part.

      « Et j’ai l’impression que ce fait à lui seul doit questionner sur la validité d’un seuil (en l’occurrence du fameux 130) pour parler de surdouance. » Je reviens à la racine de vos réflexions, tout dépend de ce que vous définissez comme surdouance. Si vous voulez simplement identfier les performances exceptionnelles à un test en terme statistiques, 130 et 70 sont des seuils parfaitement adaptés. Mais on pourrait aussi pousser le seuil à 60 et 145, si l’on considérait que l’exception se constituait à partir de 3 écarts-types de différence avec la moyenne.
      Si l’on voulait relativiser le seuil de 130 pour parler d’intelligence supérieure à la moyenne et appliquer cette relativité à une sous-population, alors il faudrait avoir accès aux statistiques descriptives de la sous-population en question, à compter que ces descriptions soient différentes de celles de la population dite générale. Car n’oublions pas que les tests de QI sont standardisés pour correspondre à ce que l’on appelle la population générale, soit « n’importe qui ».

      Quant à la question de l’injustice de la répartition de l’intelligence dans la population, quelle qu’en soit les facteurs, je ne peux que me ranger de votre côté. C’est injuste. Le hasard n’a que faire de la justice des humains.

      « Mais selon vous, ne semble-t-il pas logique qu’un QI de 120 pour une CSP+ étant une moyenne (si mes souvenirs sont bons), alors une exception statistique correspondant à deux écarts-types n’interviendrait qu’à partir d’un QI bien plus haut que 130? De la même façon, pour un enfant d’ouvriers (milieu où le QI moyen est de 90-95) ayant un QI de 120 ne peut-il pas déjà être considéré comme une exception statistique? »
      Statistiquement il est tout à fait pertinent de comparer le score d’un individu au score moyen d’un sous-groupe auquel il appartient.
      Mais est-ce pour autant suffisant pour révoquer un seuil s’appliquant à l’ensemble de la population ?
      J’en reviens à l’IMC.
      Si l’on part du postulat qu’il y a plus d’obèse chez les personnes pauvres, est-ce qu’alors il faudrait revoir les seuils de l’IMC pour décréter que quand on est pauvre, l’obésité n’est plus à partir de d’un IMC de 30 mais de (je dis n’importe quoi) 33, parce que statistiquement l’IMC moyen des personnes pauvres est décalé vers l’obésité ?
      Ou inversement, faudrait-il déclarer qu’un enfant issu de CSP+ est obèse à partir d’un IMC inférieur à 30 parce que l’IMC moyen de son sous-groupe d’appartenance est décalé vers la maigreur ? Ou bien, sur base culturelle, dans certaines population asiatiques (dans l’océan indiens par exemple) le fait d’être gros est un marqueur social valorisé. Plus l’on est gros, plus on nous attribue des qualités et une valeurs sociale. De fait, en plus d’une moyenne d’IMC qui aura tendance à ce décaler vers l’obésité, on aura un facteur valeur sociale qui pèsera (sans mauvais jeu de mots) beaucoup dans l’équation. Alors que fait-on du seuil d’obésité au regard de ce facteur valeur sociale qui influe du coup sur l’IMC ?

      Ensuite on pourrait se demander, pourquoi ne considérer que le milieu socio-économique d’appartenance ? Pourquoi ne pas considérer la génétique, et réinterroger le seuil de 130 de QI à la lumière de données génétiques, puisque l’on sait que l’intelligence a un substrat génétique ? Quel seuils de QI ce nouveau critère de regroupement déterminerait-il ?

      Tel que je le comprends, le test de QI est standardisé et s’applique à la population générale. C’est à dire que, statistiquement parlant, ses résultats sont applicables à tout individus (de la même culture) quel que soit l’environnement du dit individu.
      De fait, les catégorie statistiques qui sont définies (jusqu’à 70, entre 70 et 130, 130 et plus) s’appliquent à la population générale.
      Et voilà.
      Parler de QI c’est comme de parler d’IMC ou de taille. En soit, seul, ça ne donne que des pistes, des probabilités. Et ces données sont à contextualiser avec l’histoire de l’individu.

      Donc relativiser le seuil de 130 pour parler de HQI ? Non. C’est une définition catégorielle, on est surdoué(e) ou on a un HQI à partir d’un score de QIT de 130 et plus sur les échelles de Wechsler. Elle est pour moi à considérer de la même manière que les seuils et catégories d’IMC.
      Contextualiser le résultats du test de QI en l’intégrant dans l’histoire de l’individu, et donc considérer aussi l’environnement qui est le sien ? Evidemment.
      Mais si l’environnement peut éclairer ce qui a été, et le QI donner un aperçu de ce qui est, ni l’un ni l’autre ne permette de prédire, avec 100% de certitude et de fiabilité, ce qui sera concernant l’individu.

      Encore une fois, cette histoire de seuil à relativiser suppose que l’on considère « autre chose » en plus du QI, et que l’on essaye de rendre compte de cette autre chose dans les résultats du QI. Si l’on souhaite évaluer un potentiel intellectuel qui serait une chose différente du QI, mais comprenant le QI, alors il faut construire un outil qui considère toutes les dimensions de ce « potentiel intellectuel » différent du QI.
      Si l’on souhaite ensuite pouvoir établir un critère (ou seuil) applicable au QI qui permette de définir le-dit « potentiel intellectuel » alors il faudrait, après avoir définit clairement le « potentiel intellectuel » démontrer, expliquer et traduire sa relation avec le QI, pour ensuite établir des conditions applicables au QI permettant de qualifier le dit « potentiel intellectuel ».
      Or à l’heure actuelle, rien de tout cela n’a été fait.
      Donc relativiser le seuil de QI n’a de sens que si l’on considère que derrière le QI se cache autre chose que le QI et que l’on veut rendre compte de cette autre chose avec un outil qui n’est fait que pour rendre compte du QI.
      Cela pose, à mon avis, quelques problèmes méthodologiques.

      Pour revenir à ce qui vous a perturbé dans les modifications de l’article, il s’agissait pour moi de présenter ce qui est validé par la science. Et de ne pas présenter des opinions (les miennes ou celles d’autres praticiens) comme des faits vérifiés. J’ai donc supprimé ce qui est seulement supposé par certains praticiens, qui ne relève que de l’hypothèse, et qui ne fait pas partie des recommandations d’utilisation et interprétation du test de QI WAIS à ce jour.
      Le but étant de donner des informations fiables sur ce qui est, de sorte que chacun puisse ensuite, comme vous le faites, se saisir du sujet.

      Voilà, j’espère avoir fait le tour de ce que vous avez évoqué dans vos commentaires précédents, et je vous souhaite également une excellente journée.

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  18. Mona Dahl dit :

    (Oui, on ne se quitte plus, en effet! ^^)

    Je conçois bien tout ce que vous dites.

    J’ai vérifié mes chiffres, et d’après un tableau de l’INED (qui date malheureusement des années 80, mais trouver des données récentes accessibles gratuitement est presque mission impossible tant les études sont verrouillées par les sites qui les publient – et qui se font des couilles en or sur des recherches qu’ils ne financent même pas… Enfin bref), les enfants des CSP+ ont un QI moyen qui tourne plutôt autour de 110, mais j’étais à peu près dans les clous en ce qui concernait les CSP – (entre 95 et 97 avec des variations assez importantes entre les ouvriers les moins spécialisés – plus autour de 92-94- et les plus spécialisés (102-103). Encore une fois, je ne pense pas (et cette étude est là pour me le rappeler) que seul l’environnement social va déterminer le QI (l’étude précisait que la catégorie socio professionnelle des parents n’expliquait que 10% de la variance des QI). Mon problème vient que dans des conditions où l’on se retrouve avec plusieurs courbes de Gauss au sein d’une population (car la répartition des scores peut se décomposer de cette manière, en tout cas dans le document que j’ai lu), décalées les unes par rapport aux autres, avec celle des CSP+ qui est la plus à droite, on va forcément trouver plus de HQI chez les CSP+ que dans les autres franges de la population. Ce n’est pas simplement un biais de sélection (en tout cas, ni cette étude ni celle de Terman – qui a elle-même certains biais de sélection – ne sélectionnaient d’enfants déjà testés, mais des « tout-venants », ou presque pour Terman). Mais si HQI=surdoué, que surdoué est synonyme d’intelligence (parce qu’on peut utiliser toutes les circonvolutions qu’on voudra, c’est quand même un peu le cas), et que le potentiel ne peut pour le moment pas avoir d’existence, même théorique, car il n’est pas démontré, alors il faut admettre que les CSP+ sont une classe sociale plus intelligente que les autres. Or je pense sincèrement que leur avance (même de 12 points « seulement ») en terme de QI est le fruit d’un environnement social favorisé, non pas d’une intelligence supérieure.

    Je vous le dis sincèrement, j’ai le sentiment (et c’est bien un sentiment) urgent que la notion de potentiel intellectuel (tel que vous l’avez bien décrit par ailleurs) est nécessaire afin de manipuler l’outil du QI en évitant l’écueil des théories élitiste, raciste et même sexiste (car s’il est vrai une dans les pays occidentaux les QI féminin et masculin sont globalement identiques, il n’en est pas de même dans d’autres, notamment au Moyen-Orient, ou dans des pays à très forte domination patriarcale). L’article que je lisais (que voici : https://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1981_num_36_2_17177) évoque lui-même la notion de potentiel, la détachant du QI, précisément pour exprimer le fait qu’il y a quelque chose derrière le QI, quelque chose qui va, ou non, s’accomplir selon les conditions autour. Je ne parle pas seulement de HQI, mais d’intelligence en général.

    Je pressens l’argument que vous m’opposerez : mais un potentiel qui ne s’accomplit pas perd son statut de potentiel, et « tombe » dans la réalité, et cette réalité sera une intelligence moindre (= un QI moindre). (C’est l’argument philosophique d’il y a quelque temps, n’est-ce pas ?) Mais à cela, qu’en sait-on? Finalement, le QI n’est-il stable que parce que les conditions qui l’entourent le sont? Est-ce que les études sur la stabilité du QI ne montrent pas exactement cela? Que dans des conditions stables, le QI est stable? Qu’en est-il quand les conditions varient? (Notamment quand il y a une amélioration nette du niveau de richesse, de soin et de culture qui entoure une personne, afin de voir si le potentiel peut « s’accomplir »? C’est en cela que je me questionnais sur les enfants sauvages.)

    Je suis néanmoins parfaitement d’accord qu’en l’absence de définition exacte de la part de la recherche, et d’approche scientifique, cette notion de potentiel peut malheureusement être reprise à loisir par tout un tas de charlatans qui en feront une arme dangereuse pour des personnes influençables. Mais comme je vous l’ai dit j’ai aussi le sentiment qu’elle est indispensable, et qu’elle est un outil d’explication des variations inter-populations qui ne peut être laissé de côté (sous peine d’attirer d’autres sortes de personnes dangereuses). (Personnellement, s’il fallait donner une ébauche de définition du potentiel, ce serait le QI ajusté en fonction des éléments contextuels qui peuvent l’influencer.)

    Et personnellement, je pense en effet qu’il y a une sorte d’injustice (voire d’hypocrisie) intrinsèque à comparer strictement deux sous-groupes n’ayant pas eu les mêmes moyens de s’éduquer. (Car c’est ce que fait la recherche lorsqu’elle étudie l’intelligence sur la seule donnée du QI – même si je comprends bien qu’en l’absence d’autres outils, elle ne peut pas faire autrement. Mais j’ai un peu l’image du serpent qui se mord la queue…)

    En tout cas, j’espère réellement que je ne me leurre pas complétement, qu’il n’y a pas, dans mon raisonnement, un énorme biais idéologique.

    Merci en tout cas pour vos réponses.

    Laissez-moi, pour finir, revenir sur vos comparaisons entre IMC et QI. Celle du début (l’IMC doit être contextualisé notamment chez les sportifs) est très sensée, mais l’autre (IMC et milieu social) me semble un peu dévier, ou en tout cas, je ne suis pas sûre qu’il s’agisse d’une bonne comparaison. Il faudrait peut-être garder le lien que vous faisiez au début entre IMC/QI et ce que cela peut impliquer : santé/intelligence. Un sportif avec un IMC élevé n’en est pas moins en excellente santé. Là où l’on pourrait éventuellement statuer sur un déplacement des seuils d’obésité et/ou de maigreur devrait se faire non pas en fonction du milieu social, mais de la morphologie de la personne. Certaines personnes ont une morphologie naturellement plus imposante (dans le sens où leur zone de santé optimale sera située à un IMC plus élevé) et leur imposer un IMC de 30 comme seuil d’obésité (c’est à dire comme seuil à ne pas franchir pour conserver une bonne santé) ou inversement ne pas considérer qu’à 20 elles sont déjà dans la maigreur, ne me paraît pas tout à fait correct. S’il faut faire le parallèle avec QI/intelligence, il faudrait, selon moi, comparer le facteur de la morphologie avec le facteur de l’environnement social (pour l’intelligence), quoique la morphologie soit un caractère en grande partie génétique, alors que l’environnement social, pas du tout.

    En tout cas, merci de votre patience à me lire et à me répondre. Je prends toujours bien note de ce que vous pouvez me dire. Bonne soirée !

    Mona Dahl

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    • Line dit :

      Hypocrisie je ne sais pas. Un manque théorique certainement.
      Tout l’enjeux est bien dans l’interprétation qui est faite du QI.
      Je m’écarte de votre raisonnement sur deux points, d’abord celui de HQI=intelligence.
      Non un être humain est doté d’intelligence. Même à moins de 70 de QI, il y a intelligence. Je ne peux pas concevoir qu’on accepte le postulat que seul les personnes surdouées seraient dotées d’intelligence.
      Les chiffres sont intéressant. On voit donc, selon l’étude que vous citez (merci pour la reference !) que la moyenne du QI chez les CSP+ est de 110 ce qui ne s’écarte même pas d’un écart type de la moyenne de la population générale. De même m, la moyenne de QI des CSP- est de 95-97, ce qui est encore plus proche de la moyenne de la population générale. Une variation de moins d’un écart-type à la moyenne pour les deux populations.
      Ensuite celui où vous dites qu’il est inévitable de déduire que parce qu’il y aurait plus de HQI dans une catégorie socio-professionnelle, celle ci serait plus intelligente que les autres. Je comprends et suis votre raisonnement mais pas sa conclusion. Je formulerais plus volontiers qu’ on a plus de chance de présenter un meilleur score de QI quand on est issu de classe CSP+. Précisément à cause des raccourcis essentialistes qui peuvent être faits. Et de l’effet de masque de l’effet de l’environnement sur le développement cognitif.

      Je suis d’accord avec vous, la notion de potentiel intellectuel gagnerait à être théorisée, conceptualisée et testée.

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  19. Mona Dahl dit :

    Oui, bien sûr, vous avez tout à fait raison quant à l’emploi du terme « intelligence ». J’aurais dû employer « haute intelligence », ou « intelligence supérieure ».

    Et pour la suite, la conclusion que vous proposez tombe sous le sens, bien entendu (et je n’en doute pas moi-même), mais elle implique de ne pas faire le lien entre HQI et haute intelligence. Et c’est précisément à cela que je veux en venir quand j’introduis dans ma réflexion la notion de potentiel.

    Cet échange fut extrêmement riche et je vous en remercie!

    Je vous souhaite une bonne soirée!

    Mona Dahl

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    • Line dit :

      Bonjour Mona,

      Pourtant le fait que le QI est lié à l’intelligence. Alors sous quelle réserve délier les deux notions ?

      Le milieu socio-économique pourrait être un indicateur mais c’est une notion extrêmement hétérogène. On peut avoir des parents ambassadeurs et souffrir de négligence ou de violences éducatives. Comme on peut avoir des parents commerçants sur les marchés qui gagnent très bien leur vie. 🤔

      Alors je dirais, qu’il faut considérer l’environnement et l’anamnese du patient(e) pour contextualiser ses performances au test de QI.

      A titre personnel je crois en la capacité de l’humain à évoluer et progresser, c’est pour cela que quelque soit le score de QI, il y a toujours une possibilité d’évolution.
      Le QI est un indicateur des difficultés ou facilités qui pourraient être rencontrées sur le chemin cognitif et académique.

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  20. Mona Dahl dit :

    Bonjour!

    Ce que je veux dire, c’est que je ne crois pas juste de rendre strictement synonyme niveau d’intelligence et QI, même si bien sûr le niveau d’intelligence est corrélé au QI (dans le sens où avoir un QI suffisamment élevé écarte la possibilité de déficience, bien que la réciproque puisse être moins vraie pour toutes sortes de raisons).

    Vous avez raison de mentionner tous ces cas spécifiques, auxquels on peut ajouter bien d’autre. Le QI est la résultante d’une somme de facteurs parmi lesquels on compte le niveau d’intelligence. C’est pourquoi faire un lien absolu (dans le sens de rendre strictement synonyme, car évidement ce lien existe mais pas de façon absolu) entre haute intelligence (ou surdoué) et HQI, a fortiori faire celui entre bas QI (

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  21. Mona Dahl dit :

    Bonjour!

    Ce que je veux dire, c’est que je ne crois pas juste de rendre strictement synonyme niveau d’intelligence et QI, même si bien sûr le niveau d’intelligence est corrélé au QI (dans le sens où avoir un QI suffisamment élevé écarte la possibilité de déficience, bien que la réciproque puisse être moins vraie pour toutes sortes de raisons).

    Vous avez raison de mentionner tous ces cas spécifiques, auxquels on peut ajouter bien d’autre. Le QI est la résultante d’une somme de facteurs parmi lesquels on compte le niveau d’intelligence. C’est pourquoi faire un lien absolu (dans le sens de rendre strictement synonyme, car évidement ce lien existe mais pas de façon absolu) entre haute intelligence (ou surdoué) et HQI, a fortiori faire celui entre bas QI (

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  22. Mona Dahl dit :

    (Je me suis rendue compte que mon commentaire ne s’était pas enregistré en entier, et avec quelques problèmes personnels traînant à mes côtés, j’ai mis un peu de temps avant de le reposer, mais le voici 🙂
    Bonjour!

    Ce que je veux dire, c’est que je ne crois pas juste de rendre strictement synonyme niveau d’intelligence et QI, même si bien sûr le niveau d’intelligence est corrélé au QI (dans le sens où avoir un QI suffisamment élevé écarte la possibilité de déficience, bien que la réciproque puisse être moins vraie pour toutes sortes de raisons).

    Vous avez raison de mentionner tous ces cas spécifiques, auxquels on peut ajouter bien d’autre. Le QI est la résultante d’une somme de facteurs parmi lesquels on compte le niveau d’intelligence. C’est pourquoi faire un lien absolu (dans le sens de rendre strictement synonyme, car évidement ce lien existe mais pas de façon absolu) entre haute intelligence (ou surdoué) et HQI, a fortiori faire celui entre bas QI (<70) et déficience (les termes restent lourds de sens), me semble toujours précipité. La réserve que j'émettrais serait de considérer les facteurs (qui bien souvent vont impacter négativement le QI, mais qui peuvent aussi l'impacter positivement) autres que l'intelligence pour conclure au niveau d'intelligence. Ce que les praticiens sont enjoints de faire avec l'anamnèse (mais qui ne le font pas toujours). Enfin, il me semble qu'il faudrait recenser tous ces facteurs et leur impact démontré sur le QI, afin de ne plus laisser cet aspect à la seule appréciation (subjective) du praticien. Et pour être parfaitement rigoureux, il faudrait, comme vous l'avez mentionné, théoriser et étudier le comportement de l'intelligence (d'abord, peut-on penser qu'un potentiel se cache derrière le QI? Le QI fluctue, mais le potentiel derrière est-il stable? Fluctue-t-il avec le QI? Si ce n'est pas le cas, peut-on parler de ce potentiel comme du niveau "naturel" d'intelligence, stable, limité, et penser que, dans des conditions standards d'environnement – ni trop stimulant, ni pas assez – et de santé, le QI finit par se linéariser avec ce potentiel (= le QI est parfaitement fonction du potentiel, même si c'est avec un coefficient différent de 1), quel qu'est pu être le QI au départ ? Peut-on penser que la baisse des HQI souvent observée est due au fait que les HQI, ayant plus de chance d'appartenir à une CSP+ et donc d'avoir été plus stimulés intellectuellement, retrouvent le niveau "normal" de leur QI lorsque l'hyperstimulation (notamment les études supérieures) s'achèvent? Peut-on faire le constat inverse pour des enfants extrêmement négligés et testés déficients qui, une fois réhabilités, auront un niveau de QI plus élevé, et plus conforme à leur niveau d'intelligence? Sous quelles conditions le QI peut-il finir par rejoindre le potentiel? – Toujours sous réserve de l'existence d'un potentiel comme définit plus haut. -) Enfin, quoique vous précisiez à juste titre qu'aucune catégorie n'est meilleure qu'une autre, ce qui est évidemment vrai, ces catégories charrient malgré tout beaucoup de significations.

    Vous-même, par exemple, vous vous spécialisez dans le domaine du HQI (ce que je comprends, venant de votre part, par haute intelligence), ce qui sous-tend que les personnes dotées d'une haute intelligence doivent être abordées d'une façon spéciale (ce avec quoi on peut être d'accord ou pas). Et bien que je ne doute pas que vous ne discriminerez pas ces patients sur le seul objet de leur QI (je vous vois mal déclarer d'un patient dépressif ou avec un PTSD, sous anxiolytique, hypnotique et antidépresseur, qui a obtenu 120 au test, qu'il ne peut être surdoué, tout du moins vous ne déclareriez rien du tout), comment aborderez-vous ceux qui ne passeront pas le seuil des 130, mais pour qui, visiblement, le QI n'aura pu se révéler entièrement ? A moins que (et je repense à certaines choses que vous m'avez dites), vous faites la différence non pas entre QI et potentiel, mais entre QI calculé et QI théorique (celui qui aurait été obtenu sans avoir été empêché ou tiré vers le haut) ? Ce qui pour moi reviendrait au même.

    Je vous souhaite une agréable journée !

    Mona Dahl

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    • Line dit :

      Bonjour Mona,

      J’ai mis à jour votre commentaire grâce à votre mail. 🙂 VICTOIRE !
      Je vous rejoins tout à fait sur la proposition d’études que vous faites. Et j’y ajouterai qu’une fois tous ces potentiels facteurs d’influence sur le QI identifier (via des modélisations et tests des modèles, ça devrait être faisable) on pourrait peut-être déterminer s’il y a bien « quelque chose » derrière le QI qu’on pourrait appeler potentiel intellectuel ou non. Ce serait passionnant !

      Pour répondre à votre question si par « visiblement » vous voulez dire indubitablement, cela induit que je suis dans une situation ou je constate un ralentissement cognitif ou une altération de conscience significatif chez le sujet (sous l’effet de toxique comme drogue ou alcool par exemple). A partir de là, je ne devrais même pas envisager de faire passer un test de QI dans ces conditions. :p
      Si c’est un résultats antérieur à un test que je n’ai pas administré, et dont je soupçonne des mauvaises conditions de passation, je proposerai (si cela est pertinent et sans danger pour la personne concernée) de passer un second test avec moi.
      Mais votre question est délicate, puisque mes actions dépendent directement de la situation et de la demande du patient. La donnée du QI n’est pas forcément pertinente ou utile à avoir dans une prise en charge.
      Par exemple, surdouée ou pas, si vous venez pour une phobie, a priori c’est la même soupe pour tout le monde : désensibilisation, exposition progressive, etc.
      Si le problème c’est que le patient a une image de lui détestable parce que ses parents lui ont répété à loisir qu’il été stupide, là un test de QI qui montrerait tout simplement qu’il n’y a pas de déficience pourrait éventuellement (j’insiste sur l’éventuellement) être utile oui. Mais là on se préoccuperait simplement du seuil de 70.

      Est-ce que ça répond à votre question ?

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    • Line dit :

      Je trouverai cela vraiment top sur le principe, mais je suis désolée pour vous. Comme vous le voyez, à priori je reçois bien les commentaires et lorsque je les valide ils sont publiés.
      Vous pouvez m’envoyer votre commentaire par mail je le publierai en votre nom si vous le souhaitez.

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  23. Mona Dahl dit :

    Oui, je vous fais parfaitement confiance là dessus! ☺️ S’arrête-t-il au même endroit à chaque fois? (« QI(« ) comme cela s’affiche pour moi? Ou alors c’est mon navigateur qui a un problème…?

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