A quoi ça sert de se savoir surdoué·e ?

Ah, elle est-y pas bonne ma question ?

Bon d’accord, j’admets, ce n’est pas précisément ma question. Mais une question que les gens qui m’écrivent via le blog se posent souvent, quand ils et elles sont elleux-même en questionnement sur le caractère éventuellement HPI de leur personne.
Pour beaucoup de gens, cette question se pose comme préliminaire ou comme condition au passage du test.

Et bien je vais vous donner la réponse que beaucoup attendent tant :

ça ne dépend que de vous.

ET BIM !
Ah, ça vous embête hein ? Je vous vois, vous au fond là, tout·es dépité·es que je n’aie pas donné de réponse toute faite-toute belle.
Et bah tant pis pour vous ! Nah !

Comment voulez-vous que qui que ce soit réponde à cette question pour vous ?
Personnellement, je n’aurais jamais pu imaginer ce à quoi « ça me servirait » de me savoir surdouée, avant même que de le savoir.
Et mieux encore, avant même que de vivre précisément en me sachant surdouée.

Parce qu’il m’a fallut savoir que je l’étais et vivre avec cela, pour « en faire » quelque chose. Et même cela, je n’ai pu le constater qu’après coup. Et ce n’était pas précisément volontaire de ma part.
Je n’ai pas cherché à en faire quelque chose, j’ai cherché à intégrer cette information, à la comprendre, à la faire mienne. A l’incorporer même.

Du temps et de l’expérience

Je vous le disais, la détection du HPI n’est pas une baguette magique (ah oui, parce que j’ai affiné mon vocabulaire sur la question, et je vais essayer d’utiliser détection plus que diagnostic, j’en parlerai dans l’alphabet du HPI). Vous ne recevez pas un Kit divin de « Votre vie est maintenant parfaite et merveilleuse, tous vos problèmes ont disparu instantanément au moment où il vous a été notifié que votre QI dépassait 130 sur l’échelle de Wechsler ».
Ce à quoi va servir cette nouvelle information sur vous même, c’est VOUS, non pas qui le décidez, mais qui le construisez.
Au fur et à mesure des jours qui passent avec cette nouvelle information sur vous-même, au fur et à mesure des questions que cela soulève en vous, au fur et à mesure des actions que vous posez par la suite.
Au fur et à mesure des décisions que vous prenez, des blessures que vous guérissez peut-être.
Et le résultat de tout cela, c’est à « ça » que vous aura servi de vous savoir HPI (ou pas).
A quoi cela m’a servi jusqu’ici ?

Je dirais plutôt comment cela m’a servi jusqu’ici. Mais jugez plutôt.

Donc le résultat du bilan, bienvenue au club des 0,1% de la population blablabla.
A partir de cette information de décalage effectif avec le reste du monde, j’ai revisité et analysé mes relations : familiales, amicales, sociales, professionnelles.
J’ai compris certaines choses, me suis désespérée de certaines autres, me suis révoltées contre d’autres encore, et ai décidé d’en envoyer paître beaucoup.
J’ai fait la paix avec beaucoup, beaucoup de parts de moi-même que j’avais énormément maltraitées pendant… trop longtemps.
Forte de cette information de mon potentiel intellectuel, je me suis autorisée à essayer. Juste essayer, tout ce qui me faisait envie, rêver : apprendre d’autres langues, apprendre à jouer de certains instruments de musique, me mettre à lire et m’intéresser sur des sujets pointus qui me semblaient inaccessibles.
En sachant que j’avais un système nerveux différent, j’ai accepté de réagir différemment aux événements par rapport aux autres. J’ai fait la paix avec ce que je ressentais, avec mes réactions, avec mes peurs, mes douleurs, mes espoirs, mes joies.
Et j’ai appris à m’autoriser à avoir confiance en moi. A m’auto-encourager, à me donner de la valeur, à m’estimer. A croire que je peux le faire, que je suis légitime à au moins essayer.
J’ai appris à avoir de l’ambition pour moi-même.

Et, depuis quatre ans, aidée aussi par mon suivi thérapeuthique avec ma psy, et par de merveilleuse rencontres et échanges liés au blog, ça a donné tout ça :
J’ai entamé des études que je voulais faire depuis mes 11 ans ; j’apprends deux nouvelles langues, et je compte en apprendre une troisième ensuite pour porter le total de mes langues parler à 4 ¾ (oui parce que mes souvenirs d’espagnols du lycée et mon latin rouillé comptent pour 3/4). 5¾ si vous comptez la programmation informatique comme une langue (ce qui serait cohérent puisqu’on parle de langage en code informatique).
J’ai programmé l’apprentissage du violon, en plus de me remettre à la harpe.
J’ai commencé à faire du bénévolat (oui parce qu’avant d’avoir fait tout ce chemin débuté grâce à la découverte de mon HPI, je ne me serais jamais crue capable d’apporter quoi que ce soit de valable à une association) et en moins d’un an, je suis passée de bénévole en département à coordinatrice nationale adjointe dans cette même association.
J’ai validé ma Licence avec mention Bien ; j’ai repris la danse classique sans me torturer parce que je ne faisais « pas assez bien » ; j’ai été acceptée dans le master que je souhaitais, pour travailler aujourd’hui sur une thématique qui me passionne. Je me suis inscrite et ai passé 3 certifications et 2 formations en psychologie appliquée sur divers sujet.
J’ai appris le tricot, le crochet et la broderie traditionnelle (presque) toute seule avec des vidéos tutorielle et des bouquins.
Je me suis lancée dans la découverte de la cuisine japonaise (les Gyosas, c’est la VIE), j’ai participé à une émission de télévision, j’ai été interviewée pour un journal, j’ai osé contacter et échanger avec des professionnels du HPI.
Et j’ai débuté un blog, qui a 4 ans maintenant et qui est lu, apprécié et cité par des centaines de personnes dont des professionnels psychologues et psychiatres qui (je n’en reviens toujours pas) le citent en référence sur le sujet du HPI à leurs patient·s, entre professionnel·les ou dans leurs publications dans des revues spécialisées ou leurs ouvrages.

Voilà, ça m’a servi à tout ça, de me savoir surdouée.
Et croyez-moi, ça ne fait que commencer.

Alors, je n’en sais strictement rien, de ce à quoi va vous servir de vous savoir surdoué·e. Il n’y a que vous pour répondre à cette question.
Vous n’aurez pas la réponse avant d’avoir les résultats du test.
Passez le test, explorer ce que cela signifie pour vous, avec votre psy et dans votre quotidien, et vous aurez la réponse.

8 réflexions sur “A quoi ça sert de se savoir surdoué·e ?

  1. Yvan dit :

    Bonsoir Line,
    Oui et non ! Très agréable développement, comme d’habitude. pourquoi ne pas mettre un lien avec l’un ou l’autre de vos billets précédent, comme vous le faites parfois ?
    Votre dernier paragraphe pourrait se poursuivre par votre billet du 13/11/2017 je crois ?
    Sinon en interprétant vite on pourrait se demander s’il n’y a pas une certaine contradiction à un an d’intervalle ?

    J’aime

    • Line dit :

      Bonsoir Yvan,
      Vous voyez une contradiction ? C’est intéressant, pas moi.
      Se poser la question d’à quoi peut servir la détection du HPI ce n’est pas la même chose à mon sens que de se demander si l’on doit (ou pas) passer le test de QI coûte que coûte.
      Ces articles pour moi se complètent mais ne se contredisent pas.

      D’une part, je pense que passer (ou non) le test de QI est une décision fondamentalement personnelle, et que donc à priori rien ni personne ne vous y contraint dans l’absolu.
      Néanmoins, le HPI, même s’il est un état mal connu encore en France correspond à une réalité psychologique et physiologique qui ne se détermine objectivement que par des tests dont le bilan psychométrique complet.
      Donc, pour se dire objectivement HPI, oui il faut passer le test et obtenir le résultat correspondant.
      La question de savoir à quoi cela peut servir, pour les personnes concernées, de se savoir HPI, c’est une autre question et un autre aspect de la démarche.
      La question « faut-il passer le test à tout prix » porte sur l’avant test, alors que la question « A quoi cela sert-il de se savoir HPI » porte en fait – selon mon expérience qui ne vaut que ce qu’elle vaut – sur l’après test. Même si beaucoup aimeraient connaitre l’après, pour prendre leur décision avant.
      Ce que ces deux questions ont de commun, c’est bien le caractère déterminant de l’aspect individuel de chaque personne.
      La réponse à l’une ou l’autre de ces questions n’est déterminée et déterminable que par le sujet concerné, et par son expérience de vie.
      Il n’y a guère que quelques critères, comme les définitions, les conventions scientifiques, qui échappent à ces aspects purement personnels et qui peuvent du coup être appliqués comme partie de réponse générale.

      Pour revenir plus globalement sur la question d’une éventuelle contradiction dans mes avis, opinions et apprentissages que je reporterais ici dans le blog, ma foi, il faut s’y attendre.
      Il est fort possible que dans les deux prochaines années, j’apprenne quelque chose qui modifie ma compréhension du HPI, et qui soit en contradiction – pour reprendre ce vocabulaire, même si pour moi il s’agit d’évolution, ce qui n’est pas incompatible ceci étant avec la contradiction – avec des propos précédents.
      Mais c’est le propre de la science et de l’apprentissage que de se remettre en question et de sans cesse réorganiser ses savoirs en fonctions de ses découvertes.
      Donc, si j’en viens (et je vais) à dire des choses contraires à d’autres dites précédemment, ce sera quoi qu’il en soit argumenté, référé, et avec les liens internes aux articles concernés, pour plus de lisibilité.

      J’aime

  2. Yvan dit :

    Bonsoir Line,

    Le fond, la forme, l’interprétation, la coupure de cheveux en quatre et bien sûr mon vécu, tout ceci a motivé mon message.
    Je vais faire si vous le permettez une petite digression par rapport au fond de votre sujet. Comme vous, ou comme vous vous efforcez à le faire sur votre blog, une de mes réactions principale est l’objectivité et la position cartésienne.
    Pourtant je suis humain et l’émotion peut aussi influencer mes perceptions. Mon vécu, et le souvenir de se vécu c’est encore renforcé depuis ma détection (vous voyez, moi aussi je préfère ce terme et ce justement depuis ma détection) me dispose a une perception antinomique. Depuis ce jour, donc, j’ai conscience de l’application que j’ai mise à me fondre dans le paysage et par la même intégrer et surtout anticiper les émotions des personnes avec qui j’interagis (anticiper ne veut surtout pas dire prévenir !).
    Je suis donc d’accord avec vous sur le fond. Vos deux articles se complètent totalement. Si je me suis permis de vous interpeller, avec une certaine forme d’ailleurs puisque je dis : « en interprétant vite » et que je termine par un point d’interrogation, c’est que la forme de la fin de votre texte était sujette à interprétation si elle n’était pas reliée à votre autre sujet (c’était mon avis).
    C’est cette forme impérative : « Passez le test, explorez ce que cela signifie pour vous, avec votre psy et dans votre quotidien, et vous aurez la réponse. » qui peut gêner, lors d’une lecture rapide, une personne sensible (une grande majorité de la population selon mon expérience, non scientifique) à ses premières impressions.

    Alors que je sais bien, pour vous avoir lu que vous n’imposez rien.

    Voilà l’explication pour mon intervention de coupeur de cheveux en quatre. Intervention stupide, puisque moi-même je suis d’accord avec vous. Seulement mon double mimétique (et lourd) lui parfois s’interroge sur la forme et les conséquences de la forme.

    Merci encore pour ce sujet puisque je vous lis non pour avoir LA réponse (en général) mais bien pour apprendre d’une expérience autre que la mienne.

    J’aime

    • Line dit :

      Bonsoir Yvan,

      Tout le monde a son histoire et tout le monde réagit différemment à des événements pourtant communs à tous.

      C’est parfaitement légitime et normal.

      Vous avez le droit d’être heurté par ce que j’écris ou par comment je l’écris.

      J’aime

  3. Daedalus dit :

    « Nosce te Ipsum » ou en francais « connais toi toi même ».

    Il y a pas de leçons plus importante à apprendre. Et dans ce monde ou l’on est tous bombardé sur ce que l’on devrait être, devrait faire, devrait aspirer à faire et ou les illusions sur ce que le monde pense de nous sont légions … et bien c’est une des choses les plus difficiles à faire.

    Pour ma part, en tant que « membre » des « triples neufs », ca m’a beaucoup aidé … çà et mon journal des rêves.

    Sur ce je vous laisse, moi j’ai un journal à remplir ( ainsi qu’un blog, faudrait que je m’y remette, amis je suis un tantinet dispersé en ce moment avec mes 10.000 projets ).

    J’aime

Laisser un commentaire