Faut-il passer le test de QI à tout prix ?

Dans les réactions des gens au sujet du HPI, je lis souvent cette opinion qu’il n’est pas nécessaire de se faire diagnostiquer. Ou que faire passer les tests aux enfants n’est pas forcément nécessaire.

Comme les choses qui vont sans dire vont mieux en le disant, je répète qu’on ne peut se réclamer officiellement d’un HPI que si la science (dans son état actuel) vous a déclaré comme tel•le.
On peut être ou non d’accord avec cela, il n’en reste pas moins que c’est ainsi.
De même que vous ne déclarez pas avoir la sclérose en plaques juste parce que vous en avez lu les symptômes sur internet, et que vous avez besoin du diagnostic d’un ou d’une médecin pour en être certain ou certaine.
Encore une fois, il n’est pas question de dire qu’on ne peut pas se reconnaître soi-même en tant que personne HPI, mais qu’objectivement, seul un bilan psychométrique complet peut trancher sur la question et nous dire si oui ou non nous avons raison.

Ce rappel étant fait, revenons à nos moutons.
Donc la question est :

Doit-on ou ne doit-on pas passer le test de QI ?

Comme souvent, la question est inappropriée car sans contexte.
On pourrait tout aussi bien se demander : doit-on ou ne doit-on pas passer une IRM ?
C’est une bonne question non ?

Sauf que si vous posiez cette question à n’importe qui, il est fort probable que l’on vous réponde : « Bah ça dépend, t’es malade ? On te l’a prescrit ? Tu en as besoin ? »

Et voilà.
La réponse à la question dépend du contexte.

Il n’y a pas de réponse absolue

La question du test de QI se pose dans deux cas de figure : cela vous a été suggéré par un·e spécialiste, ou bien vous en avez envie.

Si un·e spécialiste vous l’a suggéré c’est que pour une raison ou une autre, cela lui ou vous sera sans doute utile par la suite.
Si vous en avez envie, mais allez-y faites vous plaisir !
Et si vous ne voulez pas, mais pas de problème, personne ne vous le reprochera.

Même pas moi, c’est pour dire !
(Éventuellement moi je vous reprocherais de dire que vous êtes HPI sans diagnostic. Mais pas de ne pas vouloir passer le test.)

La question n’est pas tant de passer ou pas le test, mais de pourquoi le faire

C’est cela qui doit être au cœur de la réflexion il me semble, c’est pourquoi passer le test de QI.

Si vous ne trouvez aucune raison, ne le passez pas, c’est aussi simple que cela.

Mais si vous en trouvez une, allez-y foncez !

Parce qu’il faut vous dire un secret aussi, le test de QI, ce n’est pas sacré hein.
On a le droit de le passer juste pour voir.
Enfin, moi, je vous promets que je vous laisserai le passer juste pour voir.
Après tout vous n’avez besoin de personne pour décider si vous voulez vous peser ou pas ? Et bien ça devrait être pareil avec le QI.

Alors sachez que les psy peuvent refuser de vous faire passer le test. C’est un droit de la profession, c’est comme ça.
Mais dites-vous bien que si on a le droit de ne pas vous faire passer le test, ce test n’est pas sacré pour autant. Vous avez le droit d’être simplement curieuses ou curieux, sans qu’il n’y ait rien d’autre que cela pour justifier votre démarche.

Après tout quand vous achetez une balance, il n’y a personne qui vérifie pourquoi vous l’achetez. Vous êtes libre de monter sur votre balance quand vous voulez et pour les raisons que vous voulez.
Et bien pour le QI c’est pareil.
Sauf que ça fait cher la balance quand même, admettons-le : de 120€ à 900€, ce n’est pas donné non plus.

Notez donc qu’il n’y a pas de mauvaises raisons pour passer un test de QI. Que vous soupçonniez quelque chose (difficultés, retard mental, HPI, etc.) ou que vous soyez juste curieuses ou curieux de l’expérience, ou que vous en ayez besoin pour un bilan de compétences, la véritable question est celle de ce qui vous pousse au test.

En ce qui concerne les enfants, la question est la même. Pourquoi envisager de passer le test ? Vous avez besoin d’un résultat pour une inscription éventuelle dans une école particulière ? Votre enfant présente des comportements qui vous (ou vos médecins ) font penser à un profil cognitif particulier (retard, difficultés ou aptitudes particulières) ? Vous avez juste envie de connaitre l’état des capacités cognitives de votre enfant ? Toutes ces raisons sont légitimes.

Car si j’ai tout à fait confiance en l’indice qu’est le QI, je ne le sacralise pas pour autant. Tout comme la taille et le poids sont des données qui peuvent s’avérer fort utiles à connaitre, connaitre son profil cognitif a aussi ses avantages. Mais ça n’en reste pas moins une donnée parmi tant d’autres, qui n’a pas à être plus révérée ou abhorrée qu’une autre.

Conclusion

Le test de QI est un outil de mesure.
Il peut être très utile comme parfaitement anecdotique, cela dépend de la raison qui vous amène à passer ou non ce test.

La question n’est pas « est-ce que vous devez le passer ? », mais « en quoi les résultats qu’il vous fournira vous seront utiles ou agréables ou pertinents ou les trois ».

Et encore une fois, vous avez le droit de passer le test de QI juste comme ça. Pour vous ou pour vos enfants.

Ce n’est pas le test en lui même sur lequel vous pourrez capitaliser, mais sur les résultats qui en sortiront. Quels qu’ils soient.

8 réflexions sur “Faut-il passer le test de QI à tout prix ?

  1. Lalabel dit :

    Effectivement, le passage du test reste un choix personnel et dépend de ce qu’on cherche, savoir qui on est, se mettre dans une case, se rassurer, etc.
    J’avoue avoir aussi du mal avec les HP autoproclamés, mais j’ai aussi du mal avec ceux qui vous disent que vous n’êtes pas HP alors que vous avez un QIT de 138 avec trois indices à 130 ou plus mais pas « le bon »…!!!
    Au début je ne savais plus ce que je devais penser de tout ça… Les choses sont plus claires aujourd’hui, j’ai un potentiel, à moi d’apprendre à l’utiliser… Ou non!
    Mais je ne laisserai plus personne, surtout ceux qui ont des avis mais ne sont ni psychiatres, ni psychologues, ni rien d’approchant, me dire ce que je suis ou ne suis pas!
    Merci pour tes avis tranchés qui remplace certains à leur juste place 😊

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    • Line dit :

      Bonsoir Lalabel,

      Ah voilà qui me réjouit ! 🙂 Se définir par soi-même, avec autant d’honnêteté et de lucidité que possible, je suis convaincue que c’est cela qui nous fait avancer sur le chemin de notre épanouissement.
      Et oui, mille fois oui, c’est à nous de nous définir. 🙂

      Heureusement dans cette longue et parfois éprouvante démarche il y a des gens sur qui nous pouvons nous reposer et qui peuvent nous aider. Et d’autres qu’il est bon d’éviter aussi.

      Merci à toi pour ce commentaire qui fait me fait chaud au cœur !

      (Et oui, j’avoue, j’aime bien écrire les articles qui remettent des points sur des i. *rire démoniaque*)

      PS : ceux et celles qui te disent que 138 de QIT c’est pas suffisant pour être surdouée, alors ils et elles ont tort et on mal compris comment on déterminer la présence ou non de HPI en fonction du QI.
      Avec un QIT > 130, on est surdoué*e, c’est tout. L’histoire des indices supérieur à 130 dont obligatoirement le ICV c’est pour les profils dont on « ne peut pas » calculer le QIT. (et encore, l’ICV peut être impacté par une dyslexie, ou un TDA/H, ou que sais-je…bref !).

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  2. mariemaman dit :

    Une nouvelle fois complètement d’accord avec toi !
    Une nouvelle fois, les choses qui vont sans dire vont mieux en le disant.

    J’avais déjà poussé mon petit « coup de gueule » dans de précédents commentaires 🙂 car les autoproclamés m’agacent.
    Que ceux qui n’ont pas passé de bilan arrêtent de se dire HP. Il n’y a qu’en ayant passé un bilan auprès d’un professionnel qu’on peut, ou non, être identifié HP. Je respecte complètement qu’une personne ne veuille pas passer le test de QI; par contre, je lui demande juste en retour de ne pas dire qu’elle est HP.
    donc à la question de cet article « faut-il passer le test de QI à tout prix ? » je répondrais bien sûr que non. libre à chacun. mais si tu veux te dire HPI, et bien oui il faut à tout prix avoir passé le test.

    Evidemment, le passage du test est un choix. et une contrainte financière …
    Mais si il ne résout pas tout loin de là, il est instructif, permet d’en apprendre sur soi.
    Peut fermer des portes ou en ouvrir d’autres quand on est en questionnement.
    En tant qu’adulte identifiée HP adulte, comme toi Line, je suis dans la « cible » de ce blog.
    Lors des semaines intenses en émotions de mon questionnement – parcours classique, c’est le bilan de ma fille qui m’a mis la puce à l’oreille – j’ai attendu avec impatience de pouvoir passer mon bilan, taraudée par l’envie de savoir. J’avais peur de passer ce test et d’en connaître les résultats. Mais je n’aurais pas supporté de rester dans le doute.
    Faire ce bilan et en connaître les résultats ou le chiffre de QIT n’a pas changé mon quotidien, ou ma relation de couple, mais je suis plus en paix avec moi même, je m’autorise une différence qui auparavant me faisait souffrir.
    Bises.

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    • Line dit :

      Exactement, les résultats du test de QI ne sont pas des baguettes magiques, mais la réponse à une question qui peut parfois devenir essentielle.
      Moi non plus je n’aurais pas pu continuer, après l’hypothèse de ma psy, sans passer ce test pour avoir une réponse.
      Pour moi non plus ça n’a rien changé dans le quotidien, mais ça a tout changé en moi. 😊

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  3. mariemaman dit :

    Le corolaire de mon commentaire précédent, et de cette position assez tranchée, est que j’ai le plus profond respect et partage la frustration de ceux qui ont passé un bilan, ont fait la démarche de savoir mais n’en obtienne pas de réponse claires. En vrac : ceux qui ne reçoivent pas un vrai bilan écrit à l’issu de la passation, les fortement hétérogènes dont on ne peut calculer le QIT, ceux avec un QIT autour de 125 qui du coup ne savent pas à quel groupe ils doivent se sentir appartenir, les fortement anxieux/dépressifs/médicamentés dont on sait que l’état influence les résultats, tout comme pour les twice-exceptionnals etc …

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  4. Sekaijin dit :

    Bonjour,
    Pour moi la question ne s’est pas posée. Pour mon entourage visiblement, oui, elle s’est posée. Je n’ai jamais senti le besoin de « savoir » de passer un test pour confirmer une intuition, ou je ne sais quoi d’autre. Cela rejoint ton article (sorry pour le tu) sur le besoin d’appartenance. J’ai des souvenirs très lointains et ils relèvent d’une jouissance intellectuelle que je ne saurais exprimer. J’ai vécu mes premières années repliées dans ma tête et mon monde était éclatant et merveilleux. Mes incursions dans le monde extérieur m’ont appris dans quelle prison dorée je me maintenais. (facile à dire après coup) J’ai vécu comme un deuil, comme une mort mon extraction. Et de ça aussi j’ai des souvenirs précis. Alors dès ma petite enfance je « savais » et ne n’avais pas besoin de test pour savoir. Je voyais mes frères et soeurs, mes camarades, ma famille. Et non aucun, ne semblait avoir ne serait-ce qu’effleuré ce que j’avais vécu. Personne ne semblait avoir cette conscience aigüe de soi et du monde. Alors non pas besoin de test.
    Pour ma famille par contre il en a été autrement. Et le besoin de « comprendre » de « savoir » a impliqué le passage de tests. Et malheureusement pour moi c’est l’usage du résultat qui m’a posé problème. Non je ne suis pas un ??? Je ne sais pas quels mots utiliser, non je ne suis pas … ce n’est pas moi. Moi je suis un être humain, un individu. Et entre ceux qui nient l’évidence et ceux qui te collent une étiquette, tu n’as plus de place pour simplement être toi.
    Je n’aime pas du tout les mots utilisés, et cela dans bien des domaines. On n’est pas asperger, on n’est pas autiste, on n’est pas banc ou noir, on n’est que des individus qui ont …
    Je suis toujours surpris de voir que lorsqu’on parle de capacité physique on utilise le verbe avoir. On dit d’un joueur de foot qu’il a un sens extraordinaire du jeu. Qu’il a des capacités d’accélération phénoménales, etc. Et lorsqu’on par des capacités du cerveau on est. On est zèbre, on est HPI, on est rien du tout. Tout comme pour les autres on a.
    Souvent je me dis que si on utilisait plus le verbe avoir que le verbe être on se sentirait tous bien plus libre. Donc non, je n’ai jamais sentis le besoin de passer un test pour « savoir » et les gens que je rencontre ne semblent pas en avoir besoin non plus. Pour moi le test est un outil, et rien de plus. Et on devrait apprendre à l’utiliser comme tel. Et là encore il convient d’être prudent. Car il y aura toujours des QCH>130 pour en faire un mauvais usage (Quotient de Connerie Humaine).

    A+JYT

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  5. Agatina dit :

    Sekaijin merci pour votre commentaire. En lisant les autres posts je me demandais ce que cela venait toucher chez l’autre pour qu’il soit si « énervé » par le fait que certains se « proclament » HP sans avoir passé les tests ou pas… On voit à quel point le formatage scolaire a son incidence ici (la « notation/l’évaluation » validerait ou contredirait le ressenti profond d’une personne ?). Ma neuropsychologue (elle-même dépistée HP) a validé l’hypothèse que je sois HP via l’observation clinique et l’anamnèse. Et en fait, même si je ne passe pas le test neuro, je me moque d’être validée « HP » au sens scientifique du terme. Cela ne change fondamentalement rien pour moi de porter cette étiquette. Aujourd’hui, je me comprends. Je connais mieux mon fonctionnement cognitif, et basta.
    Ma neuro ne fait pas passer le test de QI aux adultes notamment car ce n’est pas un outil fiable et en plus il ne prend pas en compte toutes les formes d’intelligence. C’est un outil créé par l’éducation nationale initialement… Quand on sait à quel point il faut rentrer dans une « toute petite case » quand on suit le système scolaire pour s’y épanouir alors cela donne autant d’arguments valables pour se dire qu’un outil créé par cette institution ne parait pas si pertinent. L’intelligence est multiple, elle n’est pas qu’intellectuelle. On ne peut la mesurer si on ne s’accorde pas sur ce qu’elle est véritablement. Le problème de l’humain c’est de vouloir tout hiérarchiser et classer tout le temps… En fait, on se fout de savoir qui est quoi. Par contre, peut-être qu’il va falloir changer notre société en profondeur pour qu’elle soit plus inclusive, moins étroite et moins rigide… Pour aller plus loin : https://www.echosciences-grenoble.fr/articles/les-tests-de-qi-mesurent-ils-vraiment-l-intelligence

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    • Line dit :

      Le test de QI n’a pas été conçu par l’éducation nationale du tour. C’est Alfred Binet qui en est le concepteur. Il a certes été utilisé d’abord pour identifier les enfants présentant un déficit cognitif à l’école mais ça n’en fait pas un produit de l’EN.

      L’identification clinique du HPI ne repose sur aucune démonstration scientifique malheureusement. Et malheureusement encore la clinique ne permet pas de s’extraire des biais cognitifs de jugement (que normalement les psys connaissent) alors que les tests et échelles validés et standardisé le permettent.

      Tout dépend du degrés de fiabilité que l’on recherche et que l’on accepte.

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